eut ete facile dans les circonstances d'employer
beaucoup mieux, se termina par quelques voeux d'armes tant de la part du
duc que de celle de plusieurs seigneurs de sa cour: et c'est tout ce qui en
resulta. Au reste il eut lieu en fevrier, et Mahomet prit Constantinople en
Mai.
La nouvelle de ce desastre, les massacres horribles qui avoieni accompagne
la conquete, les suites incalculables qu'elle pouvon avoir sur le sort de
la chretiente, y rependirent la consternation. Le duc alors crut qu'il
devoit enfin se prononcer autrement que par des propos et des fetes. Il
annonca une croisade, leva en consequence de grosses sommes sur ses sujets,
forma meme une armee et s'avanca en Allemagne. Mais tout-a-coup ce lion
fougueux s'arreta. Une incommodite qui lui survint fort a propos lui servit
de pretexte et d'excuse; et il revint dans ses etats.
Neanmoins il affecta de continuer a parler croisades comme auparavant. Il
chargea meme un de ses sujets, Joseph Mielot, chanoine de Lille, de lui
traduire en Francais les deux traites de Brochard dont j'ai parle
ce-dessus. Enfin, quand le Pape Pie II. convoqua dans Mantoue en 1459, une
assemblee de princes chretiens pour former une ligue contre Mahomet, il ne
manqua pas d'y envoyer ses ambassadeurs, a la tete desquels etoit le duc de
Cleves.
Mielot finit son travail en 1455, et le court preambule qu'il a mis en tete
l'annonce. Les deux traductions se trouvent dans un de ces manuscrits que
la Bibliotheque nationale a recus recemment de la Belgique. Elles sont,
pour l'ecriture, de la meme main que le voyage de la Brocquiere; mais
quoique des trois ouvrages celui-ci ait du paroitre avant les deux autres,
tout trois cependant, soit par economie de reliure, soit par analogie de
matieres, ont ete reunis ensemble; et ils forment ainsi un gros volume
in-folio, numerote 514, relie en bois avec basane rouge, et intitule au
dos, Avis directif de Brochard.
Ce manuscrit, auquel son ecriture, sa conservation, ses miniatures, et le
beaux choix de son velin donnent deja beaucoup de prix, me paroit en
acquerir d'avantage encore sous un autre aspect, en ce qu'il est compose,
selon moi, des traites originaux presentes par leurs auteurs a
Philippe-le-Bon, ou de l'exemplaire, commande par lui a l'un de ses
copistes sur l'autographe des auteurs, pour etre place dans sa
bibliotheque.
Je crois voir la preuve de cette assertion non seulement dans la beaute du
manuscrit, et dans l'ecusson du prince, qu
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