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d'avoine, de larges perspectives, une plaine plate sans arbres
d'ou emerge ca et la une colline, couronnee d'un clocher et de
maisons blanches; nulle part une ligne de peupliers indiquant une
vallee au fond de laquelle coulerait un ruisseau.
Dans le petit village ou elle arriva apres Ecouen, elle eut beau
regarder de chaque cote de la rue qui le traverse, nulle part elle
n'apercut la fontaine bienheureuse sur laquelle elle comptait, car
ils sont rares les villages ou l'on a pense au vagabond du chemin
qui passe assoiffe; on a son puits, ou celui du voisin, cela
suffit.
Elle parvint ainsi aux dernieres maisons, et alors elle n'osa pas
revenir sur ses pas pour entrer dans une maison et demander un
verre d'eau. Elle avait remarque que les gens la regardaient, deja
d'une facon peu encourageante a son premier passage, et il lui
avait semble que les chiens eux-memes montraient les dents a la
deguenillee inquietante qu'elle etait; ne l'arreterait-on pas
quand on la verrait passer une seconde fois devant les maisons?
Elle aurait un sac sur le dos, elle vendrait, elle acheterait
quelque chose qu'on la laisserait circuler; mais, comme elle
allait les bras ballants, elle devait etre une voleuse qui cherche
un bon coup pour elle ou pour sa troupe.
Il fallait marcher.
Cependant par cette chaleur, dans ce brasier, sur cette route
blanche, sans arbres, ou le vent, brulant soulevait a chaque
instant des tourbillons de poussiere qui l'enveloppaient, la soif
lui devenait de plus en plus penible; depuis longtemps elle
n'avait plus de salive; sa langue seche la genait comme si elle
eut ete un corps etranger dans sa bouche; il lui semblait que son
palais se durcissait semblable, a de la corne qui se
recroquevillerait, et cette sensation insupportable la forcait,
pour ne pas etouffer, a rester les levres entr'ouvertes, ce qui
rendait sa langue plus seche encore et son palais plus dur.
A bout de forces, elle eut l'idee de se mettre dans la bouche des
petits cailloux, les plus polis qu'elle put trouver sur la route,
et ils rendirent un peu d'humidite a sa langue qui s'assouplit; sa
salive devint moins visqueuse.
Le courage lui revint, et aussi l'esperance; la France, elle le
savait par les pays qu'elle avait traverses depuis la frontiere,
n'est pas un desert sans eau; en perseverant elle finirait bien
par trouver quelque riviere, une mare, une fontaine. Et puis, bien
que la chaleur fut toujours aussi suffocante et que le v
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