l n'etait guere grand ni
epais, mais encore valait-il mieux que rien.
Cette toilette la delassa presque autant que son bon sommeil, et
alors elle se peigna lentement en nattant ses cheveux en deux
grosses tresses blondes qu'elle laissa pendre sur ses epaules.
N'etait la faim qui recommencait a tirailler son estomac, et aussi
quelques morsures de ses souliers qui, a certains endroits, lui
avaient mis les pieds a vif, elle eut ete tout a fait a l'aise:
l'esprit calme, le corps dispos.
Contre la faim, elle ne pouvait rien, car, si cette cabane etait
un abri, elle n'offrirait jamais la moindre nourriture. Mais, pour
les ecorchures de ses pieds, elle pensa que si elle bouchait les
trous que les frottements de la marche avaient faits dans ses bas,
elle souffrirait moins de la durete de ses souliers, et, tout de
suite, elle se mit a l'ouvrage. Il fut long autant que difficile,
car c'etait du coton qu'il lui aurait fallu pour un reprisage a
peu pres complet, et elle n'avait que du fil.
Ce travail avait encore cela de bon, qu'en l'occupant, il
l'empechait de penser a la faim, mais il ne pouvait pas durer
toujours. Quand il fut acheve, la pluie continuait a tomber plus
ou moins fine, plus ou moins serree, et l'estomac continuait aussi
ses reclamations de plus en plus exigeantes.
Puisqu'il semblait bien maintenant qu'elle ne pourrait quitter son
abri que le lendemain, et comme, d'autre part, il etait certain
qu'un miracle ne se ferait pas pour lui apporter a souper, la
faim, plus imperieuse, qui ne lui laissait plus guere d'autres
idees que celles de nourriture, lui suggera la pensee de couper,
pour les manger, des tiges de bouleau qui se melaient au toit de
la hutte, et qu'elle pouvait facilement atteindre en grimpant sur
les fagots. Quand elle voyageait avec son pere, elle avait vu des
pays ou l'ecorce du bouleau servait a fabriquer des boissons;
donc, ce n'etait pas un arbre veneneux qui l'empoisonnerait; mais
la nourrirait-il?
C'etait une experience a tenter. Avec son couteau, elle coupa
quelques branches feuillues, et, les divisant en petits morceaux
tres courts, elle commenca a en macher un.
Bien dur elle le trouva, quoique ses dents fussent solides, bien
apre, bien amer; mais ce n'etait pas comme friandise qu'elle le
mangeait; si mauvais qu'il fut, elle ne se plaindrait pas pourvu
qu'il apaisat sa faim et la nourrit. Cependant, elle n'en put
avaler que quelques morceaux, et encore cracha-t-elle presque tout
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