asse. D'un autre
cote, j'ai fait venir l'intendant que monsieur le Comte lui proposoit. Il
est ici, et je le lui presenterai sur le champ.
MARTON.
Je doute que vous reussissiez, si nous n'apprenons rien de nouveau; mais
je tiens peut-etre son conge, moi qui vous parle... Voici monsieur Remy:
je n'ai pas le temps de vous en dire davantage, et je vais m'eclaircir.
(_Elle veut sortir._)
SCENE V.
M. REMY, Mme. ARGANTE, LE COMTE, MARTON.
M. REMY, _a Marton, qui se retire_.
Bonjour, ma niece, puisqu'enfin il faut que vous la soyez. Savez-vous ce
qu'on me veut ici?
MARTON, _brusquement_.
Passez, Monsieur, et cherchez votre niece ailleurs; je n'aime point les
mauvais plaisants.
(_Elle sort._)
M. REMY.
Voila une petite fille bien incivile? (_A madame Argante._) On m'a dit de
votre part de venir ici, Madame: de quoi est-il donc question?
Mme. ARGANTE, _d'un ton reveche_.
Ah! c'est donc vous, monsieur le procureur?
M. REMY.
Oui, Madame, je vous garantis que c'est moi-meme.
Mme. ARGANTE.
Et de quoi vous etes-vous avise, je vous prie, de nous embarrasser d'un
intendant de votre facon?[143]
M. REMY.
Et par quel hasard Madame y trouve-t-elle a redire?
Mme. ARGANTE.
C'est que nous nous serions bien passes du present que vous nous avez
fait.
M. REMY.
Ma foi, Madame, s'il n'est pas a votre gout, vous etes bien difficile.
Mme. ARGANTE.
C'est votre neveu, dit-on?
M. REMY.
Oui, Madame.
Mme. ARGANTE.
Eh bien! tout votre neveu qu'il est, vous nous ferez un grand plaisir de
le retirer.
M. REMY.
Ce n'est pas a vous que je l'ai donne.
Mme. ARGANTE.
Non, mais c'est a nous qu'il deplait, a moi et a monsieur le Comte que
voila, et qui doit epouser ma fille.
M. REMY, _elevant la voix_.
Celui-ci est nouveau! Mais, Madame, des qu'il n'est pas a vous, il me
semble qu'il n'est pas essentiel qu'il vous plaise. On n'a pas mis dans le
marche qu'il vous plairoit, personne n'a songe a cela; et, pourvu qu'il
convienne a madame Araminte, tout[144] doit etre content; tant pis pour
qui ne l'est pas. Qu'est-ce que cela signifie?
Mme. ARGANTE.
Mais vous avez le ton bien rogue,[145] Monsieur Remy.
M. REMY.
Ma foi, vos compliments ne sont point propres a l'adoucir, Madame Argante.
LE COMTE.
Doucement, monsieur le procureur, doucement; il me paroit que vous avez
tort.
M. REMY.
Comme vous voudrez, monsieur le Comte, comme vous voudrez; mais cela ne
vous re
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