mbes croisees, entrain de faire des nattes. Des que
le soleil disparait, il pousse un grand soupir, et regardant l'horizon:
Encore un jour! un jour de passe!
Autrefois pourtant, je n'etais pas si miserable! Avant la fin de la
nuit, je commencais mes oraisons; puis, je descendais vers le fleuve
chercher de l'eau, et je remontais par le sentier rude avec l'outre sur
mon epaule, en chantant des hymnes. Ensuite, je m'amusais a ranger tout
dans ma cabane. Je prenais mes outils; je tachais que les nattes fussent
bien egales et les corbeilles legeres; car mes moindres actions me
semblaient alors des devoirs qui n'avaient rien de penible.
A des heures reglees je quittais mon ouvrage; et priant les deux bras
etendus je sentais comme une fontaine de misericorde qui s'epanchait du
haut du ciel dans mon coeur. Elle est tarie, maintenant. Pourquoi?...
Il marche dans l'enceinte des roches, lentement.
Tous me blamaient lorsque j'ai quitte la maison. Ma mere s'affaissa
mourante, ma soeur de loin me faisait des signes pour revenir; et
l'autre pleurait, Ammonaria, cette enfant que je rencontrais chaque soir
au bord de la citerne, quand elle amenait ses buffles. Elle a couru
apres moi. Les anneaux de ses pieds brillaient dans la poussiere, et sa
tunique ouverte sur les hanches flottait au vent. Le vieil ascete qui
m'emmenait lui a crie des injures. Nos deux chameaux galopaient
toujours; et je n'ai plus revu personne.
D'abord, j'ai choisi pour demeure le tombeau d'un Pharaon. Mais un
enchantement circule dans ces palais souterrains, ou les tenebres ont
l'air epaissies par l'ancienne fumee des aromates. Du fond des
sarcophages j'ai entendu s'elever une voix dolente qui m'appelait; ou
bien, je voyais vivre, tout a coup, les choses abominables peintes sur
les murs; et j'ai fui jusqu'au bord de la mer Rouge dans une citadelle
en ruines. La, j'avais pour compagnie des scorpions se trainant parmi
les pierres, et au-dessus de ma tete, continuellement des aigles qui
tournoyaient sur le ciel bleu. La nuit, j'etais dechire par des griffes,
mordu par des becs, frole par des ailes molles; et d'epouvantables
demons, hurlant dans mes oreilles, me renversaient par terre. Une fois
meme, les gens d'une caravane qui s'on allait vers Alexandrie m'ont
secouru, puis emmene avec eux.
Alors, j'ai voulu m'instruire pres du bon vieillard Didyme. Bien qu'il
fut aveugle, aucun ne l'egalait dans la connaissance des Ecritures.
Quand la lecon etait finie,
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