eviennent tout autour, de
maniere a decrire par leurs evolutions un cercle en mouvement; et, la
tete levee, ils contemplent les astres.
HILARION
en designe plusieurs a saint Antoine.
Il y en a trente principaux. Quinze regardent le dessus de la terre,
quinze le dessous. A des intervalles reguliers, un d'eux s'elance des
regions superieures vers celles d'en bas, tandis qu'un autre abandonne
les inferieures pour monter vers les sublimes.
Des sept planetes, deux sont bienfaisantes, deux mauvaises, trois
ambigues; tout depend, dans le monde, de ces feux eternels. D'apres leur
position et leur mouvement on peut tirer des presages;--et tu foules
l'endroit le plus respectable de la terre. Pythagore et Zoroastre s'y
sont rencontres. Voila douze mille ans que ces hommes observent le ciel,
pour mieux connaitre les Dieux.
ANTOINE
Les astres ne sont pas Dieux.
HILARION
Oui! disent-ils; car les choses passent autour de nous; le ciel, comme
l'eternite, reste immuable!
ANTOINE
Il a un maitre, pourtant.
HILARION
montrant la colonne:
Celui-la, Belus, le premier rayon, le Soleil, le Male!--L'Autre, qu'il
feconde, est sous lui!
Antoine apercoit un jardin, eclaire par des lampes.
Il est au milieu de la foule, dans une avenue de cypres. A droite et a
gauche, des petits chemins conduisent vers des cabanes etablies dans un
bois de grenadiers, que defendent des treillages de roseaux.
Les hommes, pour la plupart, ont des bonnets pointus avec des robes
chamarrees comme le plumage des paons. Il y a des gens du nord vetus de
peaux d'ours, des nomades en manteau de laine brune, de pales Gangarides
a longues boucles d'oreilles; et les rangs comme les nations paraissent
confondus, car des matelots et des tailleurs de pierres coudoient des
princes portant des tiares d'escarboucles avec de hautes cannes a pomme
ciselee. Tous marchent en dilutant les narines, recueillis dans le
meme desir.
De temps a autre, ils se derangent pour donner passage a un long chariot
couvert, traine par des boeufs; ou bien c'est un ane, secouant sur son
dos une femme empaquetee de voiles, et qui disparait aussi vers
les cabanes.
Antoine a peur; il voudrait revenir en arriere. Cependant une curiosite
inexprimable l'entraine.
Au pied des cypres, des femmes sont accroupies en ligne sur des peaux de
cerf, toutes ayant pour diademe une tresse de cordes. Quelques-unes,
magnifiquement habillees, appellent a haute voix les passants. De p
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