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t une foret parait. De grands singes y courent a quatre pattes; ce sont des hommes a tete de chien. LES CYNOCEPHALES Nous sautons de branche en branche pour sucer les oeufs, et nous plumons les oisillons; puis nous mettons leurs nids sur nos tetes, en guise de bonnets. Nous ne manquons pas d'arracher les pis des vaches; et nous crevons les yeux des lynx, nous fientons du haut des arbres, nous etalons notre turpitude en plein soleil. Lacerant les fleurs, broyant les fruits, troublant les sources, violant les femmes, nous sommes les maitres,--par la force de nos bras et la ferocite de notre coeur. Hardi, compagnons! Faites claquer vos machoires! Du sang et du lait coulent de leurs babines. La pluie ruisselle sur leurs dos velus. Antoine hume la fraicheur des feuilles vertes. Elles s'agitent, les branches s'entre-choquent; et tout a coup parait un grand cerf noir, a tete de taureau, qui porte entre les oreilles un buisson de cornes blanches. LE SADHUZAG Mes soixante-quatorze andouillers sont creux comme des flutes. Quand je me tourne vers le vent du sud, il en part des sons qui attirent a moi les betes ravies. Les serpents s'enroulent a mes jambes, les guepes se collent dans mes narines, et les perroquets, les colombes et les ibis s'abattent dans mes rameaux.--Ecoute! Il renverse son bois, d'ou s'echappe une musique ineffablement douce. Antoine presse son coeur a deux mains. Il lui semble que cette melodie va emporter son ame. LE SADHUZAG Mais quand je me tourne vers le vent du nord, mon bois plus touffu qu'un bataillon de lances, exhale un hurlement; les forets tressaillent, les fleuves remontent, la gousse des fruits eclate, et les herbes se dressent comme la chevelure d'un lache. --Ecoute! Il penche ses rameaux, d'ou sortent des cris discordants; Antoine est comme dechire. Et son horreur augmente en voyant: LE MARTICHORAS gigantesque lion rouge, a figure humaine, avec trois rangees de dents. Les moires de mon pelage ecarlate se melent au miroitement des grands sables. Je souffle par mes narines l'epouvante des solitudes. Je crache la peste. Je mange les armees, quand elles s'aventurent dans le desert. Mes ongles sont tordus en vrilles, mes dents sont taillees en scie; et ma queue, qui se contourne, est herissee de dards que je lance a droite, a gauche, en avant, en arriere.--Tiens! tiens! Le Martichoras jette les epines de sa queue; qui s'irradient comme des fleches
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