oleil. On dit qu'ils sont dangereux la-bas. Menage un peu mon Mauricot,
songe qu'il me le faut pour achever en paix ma vieille vie. Je te _bige_
mille fois.
CDLXXXIX
A M. CHARLES PONCY, A TOULON
Chambery, 5 juin 1861.
Mon cher enfant,
Nous partons demain matin pour Lyon, Montlucon, Nohant. Nous nous
portons tous bien. Nous sommes, enchantes de la Savoie. Ce sont les
apres beautes de la Provence, avec la verdure normande et les jolies
constructions suisses. Quand vous aurez huit jours a vous, il faut
prendre Solange sous votre bras, trois chemises sous l'autre bras, tres
peu d'argent dans votre poche (par le chemin de fer, Chambery est tout
pres de chez vous), et vous verrez ce que c'est que des arbres et
pourquoi ceux de la Provence ne me satisfaisaient pas. On pourrait dire
qu'ici il y en a trop. Mais ils sont si beaux! D'ailleurs, le terrain
est si mouvemente, que partout la vue est immense et belle toujours.
Vous trouvez dans les formes geologiques beaucoup de rapport avec les
approches de Montrieux, mais en grand et avec une vegetation qui est une
vraie prodigalite de la nature.
Nous avons couru toute la journee et tous les jours par une chaleur
etouffante, entremelee d'orages et de pluies torrentielles. Mais pas un
souffle de vent. Les arbres poussent droits comme des cierges. Maurice
serait satisfait.
A present, nous allons revoir nos grands horizons planes et notre
vegetation, mesquine aupres de celle de Chambery; mais nous retrouverons
notre _chez nous,_ et vous savez que c'est toujours bon.
Ce que nous regretterons, ce sont les bons amis de Mer-Vive; mais nous
vous attendrons avant ou apres les vacances, ou l'hiver ou le printemps
prochain.
J'aspire a etre a Nohant, pour avoir des nouvelles de Maurice, bien
certaine que, si vous en avez recu apres mon depart, vous me les aurez
expediees chez moi. Je vous donnerai encore des miennes quand j'aurais
touche le port.
Embrassez pour moi tendrement la bonne Desiree et vos deux charmantes
filles. Si vous rencontrez Matheron, Nicolas et Rosine, dites-leur
que nous nous louons d'eux. Grace a votre bon choix, nous avons eu la
satisfaction de n'avoir affaire qu'a des gens excellents, depuis les
patrons jusqu'aux serviteurs. C'est une grande chose.
La mer etait bien belle, Tamaris bien charmant, et, vous autres, vous
etiez des anges gardiens pour nous. Je ne reproche donc au _Var_ que
trop de vent, trop d'ol
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