me et du courage. Que de choses tu auras
vues! que de choses ame raconter! Je n'aime pas beaucoup les brouillards
ou vous errez cinq ou six jours, par exemple! Enfin il faut qu'il y ait
de tout cela dans votre tournee d'aventures! Ce sont des souvenirs qui
s'amassent pour toi, et j'espere que tu en tiens _journal_, pour les
retrouver dans leur ordre, et me dire tout cela clairement. Je te suis
sur la carte; mais comme ce sera plus joli quand tu seras la pour me
tracer la route! Tu auras passe cette annee par trente-sept sortes de
temps avec des saisons tout a l'envers. Pendant que tu avais froid a
Terre-Neuve, on cuisait ici, et, pendant que tu grillais en Afrique,
nous grelottions dans nos habits d'ete.
A present, nous avons un ete superbe et nous allons tous les jours a la
riviere. Dumas y allait matin et soir. Il est parti, et nous partons
nous-memes demain pour Gargilesse (deux ou trois jours).
Nous n'avons rien de nouveau au pays. Dans la maison, rien de change;
car le mariage du jardinier et de la cuisiniere n'a rien modifie au
personnel. Je travaille toujours dans le meme local, sauf qu'il est
propre et gentil et commode. Je fais toujours de la botanique quand j'ai
le temps. Nous avons eu Berengere deux fois et elle reviendra encore. Il
y a du nouveau tres etrange, tres heureux pour elle dans sa vie. Je te
conterai ca. Solange est a Paris ou a Spa, on ne peut pas savoir.
Madame Villot a recu des lettres de New-York: j'espere en avoir une
de toi demain en passant a la Chatre. Les vieux Vergne sont venus la
semaine derniere et m'ont beaucoup parle de toi. Tout le monde t'aime et
te _bige_. Et moi, cher enfant, je te _bige_ mille fois et je t'aime de
toute mon ame.
CDXC
A MADAME PAULINE VILLOT, A PARIS
Nohant, 11 aout 1861.
Chere cousine,
Merci des bonnes nouvelles que vous me donnez. J'espere en avoir aussi
demain, car cela m'arrive toujours le lendemain de votre avertissement
et vous etes bien aimable et bien-bonne de me le donner toujours.
J'avais recu une lettre d'Halifax et, jusque-la, Maurice n'avait rien
recu de moi, il etait assez inquiet. Je ne sais vraiment pas si M.
Hubaine s'occupe de lui expedier mes lettres, puisque Maurice me dit
que tout le monde en recoit, excepte lui. Je vous en envoie donc une,
esperant que, par vous, elle arrivera, puisqu'il est ecrit que vous me
portez bonheur! Vous savez sans doute qu'ils ont eu d'epais brouillards
et qu'
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