ee a dire en deux mots que je vous aimais.
Accusez-moi _d'un mot_ reception de cette lettre-ci; je vous dirai
pourquoi. J'ai a vous ecrire au sujet de la _surete de mes lettres a
vous_. Ce sera pour un autre jour.
Bonsoir, cher grand ami; mon Dieu, que je vous souhaite de bonheur! Et
comme vous aimerez votre enfant, vous qui avez si bien aime votre pere!
G. SAND.
DV
A M. ARMAND BARBES, A LA HAYE
Nohant, 8 janvier 1862.
Mon ami,
J'ai bien pense a vous, et le jour de l'an encore plus que tous les
autres jours. J'avais besoin de vous ecrire et de vous dire que, je vous
aime pour commencer saintement et dignement l'annee. Mais la crainte de
vous fatiguer m'a retenue. L'ecriture de votre derniere lettre etait
alteree!
Cette fois, je retrouve la surete de votre belle ecriture; c'est la
premiere chose que je regarde, et vous me dites que vous etes mieux!
Dieu m'a entendue, cette fois, car je l'ai bien prie pour vous.
Un bonheur n'arrive pas seul: ma fille, dont j'etais inquiete aussi, va
mieux et n'a rien de bien grave. Maurice est pres de moi et travaille a
des notes sur l'Amerique. Il a vu bien vite, mais assez sainement cette
fausse democratie, qui, en proclamant l'egalite et la liberte, n'a
oublie qu'une chose, la fraternite, qui rend les deux autres richesses
steriles et meme nuisibles. Sa position un peu officielle de _visiteur_
l'oblige aux menagements du savoir-vivre, mais ses reticences en
laissent assez deviner.
Le niveau des coeurs et des intelligences est, a ce qu'il parait,
encore plus abaisse la-bas que chez nous. Ils n'ont pas meme l'instinct
militaire, qui, chez nous, sait faire des prodiges pour les bonnes
causes, quel que soit le drapeau. Enfin, il semble que Dieu se soit
retire d'eux pour chatier le forfait de l'esclavage, non aboli dans les
prejuges et les moeurs.
Soignez-vous patiemment et genereusement a cause de nous, mon digne et
cher ami, et, quand vous serez tout a fait bien, reprenez en vous-meme
cette question d'exil volontaire auquel mon coeur ne peut se resigner,
pour _nous_.
Mon fils vous envoie ses tendres voeux, et je n'ai pas besoin de vous
dire les miens. Je ne me plains de rien dans ma vie, puisque j'ai une
amitie comme la votre.
GEORGE SAND.
DVI
A MADAME PAULINE VILLOT, A PARIS
Nohant, 22 fevrier 1862.
Chere cousine,
Ayez du courage pour ceux qui vous aiment! ayez-en p
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