re.
Notre enfant est superbe et remarquablement aimable et gentil. Il a une
precocite extraordinaire et qui m'inquiete par moments: quelque chose
dans l'oeil qui n'est pas de son age.--Mais je ne m'arrete pas a cette
remarque. La sante, la fraicheur et l'embonpoint; en outre, la force
musculaire sont tout a fait rassurantes. La petite mere est bonne
nourrice et absolument devouee a son petiot. Maurice est donc tres
heureux et tout le monde vous embrasse tendrement.
DXLI
A M. EUGENE CLERH, A PARIS
Nohant, 31 decembre 1863.
Mon cher enfant,
Je vous remercie de votre charmant travail et de vos bons souhaits de
nouvelle annee. Les petits services que j'ai pu vous rendre portent avec
eux leur recompense, puisque vous etes digne qu'on s'interesse a vous.
Votre excellente mere m'a ecrit une aimable lettre dont je vous prie
de la bien remercier pour moi. Promettez-lui de ma part, ma constante
sollicitude pour vous; car vous serez toujours, je n'en doute pas,
raisonnable, laborieux et delicat comme je vous connais a present.
Soyez sur, mon cher enfant, que nous faisons tous notre destinee. La
societe est, dans tous les temps, un ocean a traverser dans un sens ou
dans l'autre. Petit ou grand, il nous faut faire le voyage. La mer mange
un bon nombre de passagers; mais il ne faut pas s'occuper de cela, parce
qu'on meurt dans son lit tout aussi bien que dans les tempetes. Il faut
s'occuper de bien naviguer si l'on a une barque, ou de bien nager si
l'on n'a que ses bras, et de ne pas etre englouti par sa faute.
Avec de l'honneur, du courage, et point de vices, un homme a beaucoup de
chances, et, outre la force qu'il puise en lui-meme, il est a peu pres
certain de rencontrer des gens qui l'aideront en le voyant s'aider; ceux
qui s'abandonnent sont infailliblement abandonnes; car la mer dont nous
parlons est dure pour tous, et chacun, etant force de penser a soi,
renonce tot ou tard aux devouements inutiles.
Vous m'envoyez de jolies etrennes et je vous envoie un _sermon_ en
echange. Non, mon cher enfant, c'est un morceau de mon coeur, de mon
experience et de ma conviction que je vous envoie.
GEORGE SAND.
FIN DU TOME QUATRIEME
TABLE
1854
CCCLXX. A madame Augustine de Bertholdi. 3 janvier.
CCCLXXI. A M. Victor Borie. 16 janvier.
CCCLXXII. A Maurice Sand. 31 janvier.
CCCLXXIII. A
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