it. C'est un plaisir de vous voir composer et improviser
une piece en causant. A present que je relis cette carcasse, je suis
etonnee de sa logique et de la maniere dont elle se tient. Allons,
vous n'etes pas encore cretin, mon bonhomme, et vous avez un monde de
compositions et de succes dans la _trompette_. Je ne suis pas en peine
de vous: si vous n'allez pas plus vite, c'est que vous etes paresseux.
Mais qu'est-ce que ca fait si ca vous plait de l'etre? Ce qui importe,
c'est que, quand vous travaillez une heure, vous travaillez comme cent.
Tout mon monde vous envoie des amities en masse. Maurice n'est pas
encore revenu.
Votre maman vous embrasse.
[1] Theophile Gautier.
DXXXIV
A M. CHARLES PONCY, A TOULON
Nohant, 27 aout 1863.
Mes pauvres enfants! avoir tant travaille et tant souffert pour rien!
Mais non, ce n'est pas pour rien, puisque vous avez adouci ses derniers
jours et prolonge, autant que possible, son illusion et son esperance.
Dieu vous en tiendra compte et elle aussi, dans un monde meilleur.
Pauvre femme! si douce, si jeune encore et si belle de charme et de
distinction naturelle! Comme elle a langui et lutte! Elle est mieux ou
elle est, n'en doutez pas.--Ou que ce soit, elle vit et elle est en
Dieu.
Chere Solange! sois la consolation de ton pauvre pere, et que ton pere
soit la tienne aussi. Nous vous aimons bien.
DXXXV
A M. ALEXANDRE DUMAS FILS, A PARIS.
Nohant, 1er octobre 1863, deux heures du matin.
Mon cher fils,
Votre lettre est d'un vrai amour de fils! Je dis donc adieu a mes
scrupules; je vois que vous avez raison, que vous m'aimez bien, et
qu'avec vous on peut avoir le coeur sur la main tout a fait.
La Rounat est venu; on lui a lu la piece, qui ne pourra passer que dans
l'hiver de 1864, parce que je ne veux pas la donner en plein printemps,
et qu'il a de l'encombrement jusque-la. Ca me laisse le temps de donner
encore plusieurs facons a mon labourage; car ce qu'on a lu jusqu'ici
n'est qu'un brouillon et j'y vois, chaque fois, des ameliorations a
faire. Peut-etre meme remettrai-je la piece en quatre actes; elle est
pleine en cinq, mais pas assez serree a la fin. Ca m'amuse toujours.
Des que j'aurai fini les corrections, je vous enverrai le manuscrit,
pour que vous m'en indiquiez des masses, et, en attendant, je vous
embrasse, pour moi qui veille et pour tous ceux qui dorment.
Votre mam
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