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euni; le commercant remplacait le depute; il n'etait plus que mari et pere de famille. Aussi se fachait-il contre la politique qu'il lui deplaisait de retrouver a Elbeuf: c'etait de paroles affectueuses, de regards tendres qu'il avait besoin, du laisser-aller de l'intimite, de sorte que bien souvent, pendant que la Maman continuait ses discussions, ses approbations ou ses reprimandes, il oubliait de lui repondre ou ne le faisait qu'en quelques mots distraits: "Oui, maman; non, maman; tu as raison, certainement, sans aucun doute." C'etait assez indifferemment qu'a son retour d'Allemagne il s'etait laisse marier par son pere avec une jeune fille nee dans une condition inferieure a la sienne, au moins pour la fortune, mais depuis vingt ans il vivait dans une etroite communion de sentiment et de pensee avec sa femme, car il s'etait trouve que celle qu'il avait acceptee pour la grace de sa jeunesse etait une femme douee de qualites reelles que chaque jour revelait: l'intelligence, la fermete de la raison, la droiture du caractere, la bonte indulgente, et, ce qui pour lui etait inappreciable depuis son entree dans la vie politique--le flair et le genie du commerce qui faisaient d'elle une associee a laquelle il pouvait laisser la direction de la maison aussi bien pour la fabrication que pour la vente. Pendant qu'a Paris il s'occupait des affaires de la France, a Elbeuf elle dirigeait d'une main aussi habile que ferme celles de la fabrique; en vraie femme de commerce, comme il n'etait pas rare d'en rencontrer autrefois derriere les rideaux verts d'un comptoir, mais comme on n'en voit plus maintenant, trouvant encore le temps d'accomplir avec un seul commis la besogne du bureau: la correspondance, la comptabilite, la caisse et la paye qu'elle faisait elle-meme. Si bon commercant que fut Adeline, ce n'etait cependant pas d'affaires qu'il avait hate de s'entretenir en arrivant chez lui--ces affaires, il les connaissait, au moins en gros, par les lettres que sa femme lui ecrivait tous les soirs; c'etait sa femme meme, c'etait sa fille qui occupaient son coeur, et tout en mangeant, tout en repondant avec plus ou moins d'a-propos a sa mere, ses yeux allaient de l'une a l'autre. S'il aimait celle-ci tendrement, il adorait celle-la, et il n'etait pas rare que tout a coup il s'interrompit pour se pencher vers elle et l'embrasser en la prenant dans ses bras: --Eh bien, ma petite Berthe, es-tu contente du retour du papa? Il la
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