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simple, mais du meilleur gout. Seule, en grande loge, a cote d'un homme aussi peu musque que l'etait l'oncle Giraud, belle comme un astre et fraiche comme une rose, avec ses grands yeux noirs et son air naif, elle devait necessairement attirer les regards. Les hommes commencerent a se la montrer, les femmes a l'observer; les marquis s'approcherent, et les compliments les plus flatteurs, faits a haute voix, a la mode du temps, furent adresses a la nouvelle venue; par malheur, l'oncle Giraud seul recueillait ces hommages, qu'il savourait avec delices. Cependant Camille, peu a peu, reprit d'abord son air tranquille, puis un mouvement de tristesse la saisit. Elle sentit combien il etait cruel d'etre isolee au milieu de cette foule. Ces gens qui causaient dans leurs loges, ces musiciens dont les instruments reglaient la mesure des pas des acteurs, ce vaste echange de pensees entre le theatre et la salle, tout cela, pour ainsi dire, la repoussa en elle-meme.--Nous parlons et tu ne parles pas, semblait lui dire tout ce monde; nous ecoutons, nous rions, nous chantons, nous nous aimons, nous jouissons de tout; toi seule ne jouis de rien, toi seule n'entends rien, toi seule n'es ici qu'une statue, le simulacre d'un etre qui ne fait qu'assister a la vie. Camille ferma les yeux pour se delivrer de ce spectacle; elle se souvint de ce bal d'enfants ou elle avait vu danser ses compagnes, et ou elle etait restee pres de sa mere. Elle revint par la pensee a la maison natale, a son enfance si malheureuse, a ses longues souffrances, a ses larmes secretes, a la mort de sa mere, enfin a ce deuil qu'elle venait de quitter, et qu'elle resolut de reprendre en rentrant. Puisqu'elle etait a jamais condamnee, il lui sembla qu'il valait mieux pour elle ne jamais tenter de moins souffrir. Elle sentit plus amerement qu'elle ne l'avait encore fait que tout effort de sa part pour resister a la malediction celeste etait inutile. Remplie de cette pensee, elle ne put retenir quelques pleurs que l'oncle Giraud vit couler; il cherchait a en deviner la cause, lorsqu'elle lui fit signe qu'elle voulait partir. Le bonhomme, surpris et inquiet, hesitait et ne savait que faire; Camille se leva, et lui montra la porte de la loge, afin qu'il lui donnat son mantelet. En ce moment, elle apercut au-dessous d'elle, a la galerie, un jeune homme de bonne mine, tres richement vetu, qui tenait a la main un morceau d'ardoise, sur lequel il tracait des lettres et des
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