le nom de Javotte que je trouve sur mon livre. C'est le nom
de madame de Monval, cite Bergere, 4.
--Vous avez raison dit Tristan, elle se faisait appeler ainsi; ce nom
de Monval m'etait sorti de la tete; peut-etre avait-elle le droit de le
porter, car son titre de Javotte n'etait, je crois, qu'un sobriquet.
Travaillez-vous encore quelquefois pour elle; vous a-t-elle achete autre
chose?
--Non, monsieur; elle m'a vendu, au contraire, une chaine d'argent
cassee qu'elle avait.
--Mais point de bracelet?
--Non, monsieur.
--Va pour Monval, dit Armand; grand merci, monsieur. Et quant a nous, en
route pour la cite Bergere.
--Je crois, dit Tristan en quittant le bijoutier, qu'il serait bon de
prendre un fiacre. J'ai quelque peur que madame de Monval n'ait change
plusieurs fois de domicile, et que notre course ne soit longue.
Cette prevision etait fondee. La portiere de la cite Bergere apprit aux
deux freres que madame de Monval avait demenage depuis longtemps,
qu'elle s'appelait a present mademoiselle Durand, ouvriere en robes, et
qu'elle demeurait rue Saint-Jacques.
--Est-elle a son aise? a-t-elle de quoi vivre? demanda Armand, poursuivi
par la crainte du bracelet vendu.
--Oh! oui, monsieur, elle fait beaucoup de depense; elle avait ici un
logement complet, des meubles d'acajou et une batterie de cuisine. Elle
voyait beaucoup de militaires, toutes personnes decorees et tres comme
il faut. Elle donnait quelquefois de tres jolis diners qu'on faisait
venir du cafe Vachette. Tous ces messieurs etaient bien gais, et il y en
avait un qui avait une bien belle voix; il chantait comme un vrai
artiste de l'Academie. Du reste, monsieur, il n'y a jamais eu rien a
dire sur le compte de madame de Monval. Elle etudiait aussi pour etre
artiste; c'etait moi qui faisais son menage, et elle ne sortait jamais
qu'en citadine.
--Fort bien, dit Armand; allons rue Saint-Jacques.
--Mademoiselle Durand ne loge plus ici, repondit la seconde portiere; il
y a six mois qu'elle s'en est allee, et nous ne savons guere trop ou
elle est. Ce ne doit pas etre dans un palais, car elle n'est pas partie
en carrosse, et elle n'emportait pas grand'chose.
--Est-ce qu'elle menait une vie malheureuse?
--Oh! mon Dieu, une vie bien pauvre. Elle n'etait guere a l'aise, cette
demoiselle. Elle demeurait la au fond de l'allee, sur la cour, derriere
la fruitiere. Elle travaillait toute la sainte journee; elle ne gagnait
guere et elle avait bien du m
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