cune contre lui. Je l'ai rencontre,
je l'ai envoye promener, je lui donnerai un coup d'epee, et je lui
pardonne.
--Ou l'as-tu donc vu? chez ta belle?
--Eh, mon Dieu! oui; ne faut-il pas que ce monsieur-la se fourre
partout?
--Et comment la querelle est-elle venue?
--Il n'y a pas de querelle; deux mots, te dis-je, une misere; nous en
causerons. Commencons maintenant par aller chez Fossin acheter quelque
chose pour Javotte, avec qui je suis convenu d'un echange; car on ne
donne rien pour rien quand on s'appelle Javotte, et meme sans cela.
--Allons, dit Armand, je suis ravi comme toi que tu sois parvenu a ton
but et que tu aies de quoi confondre ta marquise. Mais, chemin faisant,
mon cher ami, reflechissons, je t'en prie, sur la seconde partie de ta
vengeance projetee. Elle me semble plus qu'etrange.
--Treve de mots, dit Tristan, c'est un point resolu. Que j'aie tort ou
raison, n'importe: nous pouvions ce matin discuter la-dessus; a present
le vin est tire, il faut le boire.
--Je ne me lasserai pas, reprit Armand, de te repeter que je ne concois
pas comment un homme comme toi, un militaire, reconnu pour brave, peut
trouver du plaisir a ces duels sans motif, ces affaires d'enfant, ces
bravades d'ecolier, qui ont peut-etre ete a la mode, mais dont tout le
monde se moque aujourd'hui. Les querelles de parti, les duels de cocarde
peuvent se comprendre dans les crises politiques. Il peut sembler
plaisant a un republicain de ferrailler avec un royaliste, uniquement
parce qu'ils se rencontrent: les passions sont en jeu, et tout peut
s'excuser. Mais je ne te conseille pas ici, je te blame. Si ton projet
est serieux, je n'hesite pas a te dire qu'en pareil cas je refuserais de
servir de temoin a mon meilleur ami.
--Je ne te demande pas de m'en servir, mais de te taire; allons chez
Fossin.
--Allons ou tu voudras, je n'en demordrai pas. Prendre en grippe un
homme importun, cela arrive a tout le monde: le fuir ou s'en railler,
passe encore; mais vouloir le tuer, c'est horrible.
--Je te dis que je ne le tuerai pas; je te le promets, je m'y engage. Un
petit coup d'epee, voila tout. Je veux mettre en echarpe le bras du
cavalier servant de la marquise, en meme temps que je lui offrirai
humblement, a elle, le bracelet de ma grisette.
--Songe donc que cela est inutile. Si tu te bats pour laver ton honneur,
qu'as-tu a faire du bracelet? Si le bracelet te suffit, qu'as-tu a faire
de cette querelle? M'aimes-tu un peu? ce
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