ndes, dans une creme de malines, se ressemblant comme deux soeurs
d'age tres different, l'une un peu trop mure, l'autre un peu
trop jeune, l'une un peu trop forte, l'autre un peu trop mince,
s'avancerent en se tenant par la taille et en souriant.
On cria, on applaudit. Personne, sauf Olivier Bertin, ne savait le
retour d'Annette de Guilleroy, et l'apparition de la jeune fille a
cote de sa mere qui, d'un peu loin, semblait presque aussi fraiche et
meme plus belle, car, fleur trop ouverte, elle n'avait pas fini d'etre
eclatante, tandis que l'enfant, a peine epanouie, commencait seulement
a etre jolie, les fit trouver charmantes toutes les deux.
La duchesse ravie, battant des mains, s'exclamait:
--Dieu! qu'elles sont ravissantes et amusantes l'une a cote de
l'autre! Regardez donc, Monsieur de Musadieu, comme elles se
ressemblent!
On comparait; deux opinions se formerent aussitot. D'apres Musadieu,
les Corbelle et le comte de Guilleroy, la comtesse et sa fille ne se
ressemblaient que par le teint, les cheveux, et surtout les yeux, qui
etaient tout a fait les memes, egalement tachetes de points noirs,
pareils a des minuscules gouttes d'encre tombees sur l'iris bleu. Mais
d'ici peu, quand la jeune fille serait devenue une femme, elles ne se
ressembleraient presque plus.
D'apres la duchesse, au contraire, et d'apres Olivier Bertin, elles
etaient en tout semblables, et seule la difference d'age les faisait
paraitre differentes.
Le peintre disait:
--Est-elle changee, depuis trois ans? Je ne l'aurais pas reconnue, je
ne vais plus oser la tutoyer.
La comtesse se mit a rire.
--Ah! par exemple! Je voudrais bien vous voir dire "vous" a Annette.
La jeune fille, dont la future cranerie apparaissait sous des airs
timidement espiegles, reprit:
--C'est moi qui n'oserai plus dire "tu" a M. Bertin.
Sa mere sourit.
--Garde cette mauvaise habitude, je te la permets. Vous referez vite
connaissance.
Mais Annette remuait la tete.
--Non, non. Ca me generait.
La duchesse, l'ayant embrassee, l'examinait en connaisseuse
interessee.
--Voyons, petite, regarde-moi bien en face. Oui, tu as tout a fait le
meme regard que ta mere; tu seras pas mal dans quelque temps, quand tu
auras pris du brillant. Il faut engraisser, pas beaucoup, mais un peu;
tu es maigrichonne.
La comtesse s'ecria:
--Oh! ne lui dites pas cela.
--Et pourquoi?
--C'est si agreable d'etre mince! Moi je vais me faire maigrir.
Mais Mme d
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