t d'entree a ce bijou de parc
elegant, etalant en plein Paris sa grace factice et verdoyante, au
milieu d'une ceinture d'hotels princiers.
Le long des larges allees, qui deploient a travers les pelouses et les
massifs leur courbe savante, une foule de femmes et d'hommes, assis
sur des chaises de fer, regardent defiler les passants tandis que, par
les petits chemins enfonces sous les ombrages et serpentant comme des
ruisseaux, un peuple d'enfants grouille dans le sable, court, saute a
la corde sous l'oeil indolent des nourrices ou sous le regard inquiet
des meres. Les arbres enormes, arrondis en dome comme des monuments
de feuilles, les marronniers geants dont la lourde verdure est
eclaboussee de grappes rouges ou blanches, les sycomores distingues,
les platanes decoratifs avec leur tronc savamment tourmente, ornent en
des perspectives seduisantes les grands gazons onduleux.
Il fait chaud, les tourterelles roucoulent dans les feuillages et
voisinent de cime en cime, tandis que les moineaux, se baignent dans
l'arc-en-ciel dont le soleil enlumine la poussiere d'eau des arrosages
egrenee sur l'herbe fine. Sur leurs socles, les statues blanches
semblent heureuses dans cette fraicheur verte. Un jeune garcon de
marbre retire de son pied une epine introuvable, comme s'il s'etait
pique tout a l'heure en courant apres la Diane qui fuit la-bas vers
le petit lac emprisonne dans les bosquets ou s'abrite la ruine d'un
temple.
D'autres statues s'embrassent, amoureuses et froides, au bord des
massifs, ou bien revent, un genou dans la main. Une cascade ecume et
roule sur de jolis rochers. Un arbre, tronque comme une colonne,
porte un lierre; un tombeau porte une inscription. Les futs de pierre
dresses sur les gazons ne rappellent guere plus l'Acropole que cet
elegant petit parc ne rappelle les forets sauvages.
C'est l'endroit artificiel et charmant ou les gens de ville vont
contempler des fleurs elevees en des serres, et admirer, comme on
admire au theatre le spectacle de la vie, cette aimable representation
que donne, en plein Paris, la belle nature.
Olivier Bertin, depuis des annees, venait presque chaque jour en ce
lieu prefere, pour y regarder les Parisiennes se mouvoir en leur vrai
cadre.
"C'est un parc fait pour la toilette, disait-il; les gens mal mis
y font horreur." Et il y rodait pendant des heures, en connaissait
toutes les plantes et tous les promeneurs habituels.
Il marchait a cote d'Annette, le long des all
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