ir parfois a Vienne et a Londres pour
couronner par des tours de valse des bals princiers, bien qu'a peu
pres sans fortune, demeurait par sa situation, par sa famille, par
son nom, par ses parentes presque royales, un des hommes les plus
recherches et les plus envies de Paris.
Il fallait affermir cette gloire trop jeune, dansante et sportive, et
apres un mariage riche, tres riche, remplacer les succes mondains
par des succes politiques. Des qu'il serait depute, le marquis
deviendrait, par ce seul fait, une des colonnes du trone futur, un des
conseillers du roi, un des chefs du parti.
La duchesse, bien renseignee, connaissait l'enorme fortune du comte
de Guilleroy, thesaurisateur prudent loge dans un simple appartement
quand il aurait pu vivre en grand seigneur dans un des plus beaux
hotels de Paris. Elle savait ses speculations toujours heureuses, son
flair subtil de financier, sa participation aux affaires les plus
fructueuses lancees depuis dix ans, et elle avait eu la pensee de
faire epouser a son neveu la fille du depute normand a qui ce mariage
donnerait une influence preponderante dans la societe aristocratique
de l'entourage des princes. Guilleroy, qui avait fait un mariage riche
et multiplie par son adresse une belle fortune personnelle, couvait
maintenant d'autres ambitions.
Il croyait au retour du roi et voulait, ce jour-la, etre en mesure de
profiter de cet evenement de la facon la plus complete.
Simple depute, il ne comptait pas pour grand'-chose. Beau-pere du
marquis de Farandal, dont les aieux avaient ete les familiers fideles
et preferes de la maison royale de France, il montait au premier rang.
L'amitie de la duchesse pour sa femme pretait en outre a cette union
un caractere d'intimite tres precieux, et par crainte qu'une autre
jeune fille se rencontrat qui plut subitement au marquis, il avait
fait revenir la sienne afin de hater les evenements.
Mme de Mortemain, pressentant ses projets et les devinant, y pretait
une complicite silencieuse, et, ce jour-la meme, bien qu'elle n'eut
pas ete prevenue du brusque retour de la jeune fille, elle avait
engage son neveu a venir chez les Guilleroy, afin de l'habituer, peu a
peu, a entrer souvent dans cette maison.
Pour la premiere fois, le comte et la duchesse parlerent a mots
couverts de leurs desirs, et en se quittant, un traite d'alliance
etait conclu.
On riait a l'autre bout du salon. M. de Musadieu racontait a la
baronne de Corbelle la presen
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