es soirs,
quand Cerda chantera, tu verras comment il se comporte en scene: il
parait qu'il lui est defendu de regarder qui que ce soit dans la salle;
de la un jeu tout a fait etrange, je t'assure, et qui t'amusera.
--Mais lord Harley?
--Un mari, seul a ignorer ce que tout le monde sait; et puis il l'adore,
car elle a toujours su se faire adorer, a preuve la naissance de Michel
Berceau.
--Qu'est-ce que c'est que Michel Berceau?
--Le fils aine de madame de la Roche-Odon.
--Le prince Michel Sobolewski?
--Lui-meme.
--Pourquoi l'appelles-tu Michel Berceau?
--Je ne l'appellerais certes pas ainsi en lui parlant, mais c'est de ce
nom que nous le designons souvent entre nous.
--Est-ce qu'il y a eu un M. Berceau dans l'histoire de madame de la
Roche-Odon?
--Ce n'est pas un M. Berceau qui a rempli un role dans l'histoire de
madame de la Roche-Odon, ce sont trois berceaux, trois lits d'enfant.
Madame de la Roche-Odon avait vingt ans de moins qu'aujourd'hui, et elle
etait dans toute la splendeur de sa beaute; elle habitait Paris, et son
mari, le prince Sobolewski voyageait quelque part, n'importe ou; enfin,
il etait depuis longtemps separe de sa femme avec laquelle il avait vecu
en fort mauvaise intelligence. Crois-tu que madame de la Roche-Odon se
desesperait de cet abandon?
--Ce n'est pas probable.
--En tous cas elle avait trouve des consolateurs, et comme elle allait
devenir mere, son enfant lui ferait oublier son mari. Ce grand jour
arriva et elle mit au monde un fils.
--Michel.
--Michel Berceau. Tu vas voir d'ou vient ce nom de Berceau. Il n'y
avait pas trois heures que la princesse Sobolewska etait
accouchee--c'est-a-dire madame de la Roche-Odon--qu'on apporte un
berceau, mais un amour de berceau parisien, ce qui se fait de plus
elegant, de plus coquet, de plus luxueux; attachee a la dentelle se
montre une carte: c'est celle d'un des consolateurs de la princesse, un
homme du monde parisien, jeune, charmant, etc. La princesse est ravie de
cette attention; le berceau lui parait la chose la plus delicieuse du
monde, et elle donne l'ordre de coucher son fils dans ce merveilleux
berceau, qu'elle fait placer aupres de son lit.
--Je comprends.
--Ne va pas si vite, nous n'y sommes pas encore. L'enfant est a peine
couche qu'on apporte un second berceau. Celui-la est beaucoup moins
elegant, et de plus il est d'assez mauvais gout. Mais on y a joint un
ecrin renfermant une parure en diamants et une c
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