mtes de Vaunoise. Tout le monde connaissait l'origine
et la date de ces lettres de noblesse, et personne n'avait oublie le nom
de Baloureau, personne excepte ceux qui le portaient, bien entendu.
C'etait meme pour que son petit-fils fut digne de son titre que le vieux
pere Baloureau avait voulu en faire un diplomate. Et par un bienheureux
hasard qui ne se rencontre pas souvent, il s'etait trouve que le
jeune heritier des ardoisiers avait quelques-unes des qualites de la
profession qu'on lui imposait; de la finesse, de la politesse, du bon
sens, beaucoup d'entregent, une affabilite qui le faisait tout a tous,
de l'esprit, une extreme curiosite de tout savoir, l'amour de l'intrigue
pour le plaisir de l'intrigue, de la reserve sous une apparence
de legerete; et, certainement cette reserve lui eut interdit le
Prete-Avoine si ce n'avait ete une plaisanterie d'ecole dont l'habitude
etait prise depuis longtemps.
--Oui, mon cher Vaunoise, repondit Aurelien, avalant sans grimace le
Prete-Avoine; a Rome depuis ce matin, et ma premiere visite est pour
toi.
--Bonne idee; je vais te faire faire ta premiere promenade; comme cela
tu associeras mon souvenir a celui de Rome et tu ne m'oublieras plus.
Nous prendrons une voiture a la place de Venise; viens.
Ils n'eurent pas besoin d'aller jusqu'a la place de Venise; sur la place
des Saints-Apotres, ils trouverent une voiture decouverte dans laquelle
ils monterent.
--Tu es a moi, n'est-ce pas? demanda Vaunoise.
--Certes.
--Alors je te conduis.
Et s'adressant au cocher, il lui dit de les mener a Saint-Pierre, en
passant par le Pantheon.
Puis se tournant vers Aurelien:
--Il y a quatre choses principales, capitales, a voir a Rome, lui
dit-il: le Pantheon, Saint-Pierre avec le Vatican, Saint-Paul et le
Colisee avec le Forum et le Palais des Cesars; je vais te les montrer,
apres tu te debrouilleras tout seul.
Puis, comme il ne tenait pas essentiellement a faire etalage de son
erudition, qui d'ailleurs etait de fraiche date, il changea de sujet:
--Tu es seul a Rome? demanda-t-il.
--Non, je suis avec ma mere.
L'occasion de parler de madame de la Roche-Odon se presentait, Aurelien
la saisit avec empressement.
--Mais ma mere ayant une visite a faire a la vicomtesse de la
Roche-Odon, cela m'a permis de venir te voir.
--Tu la connais, madame de la Roche-Odon?
--Nous sommes lies avec son beau-pere le vieux comte de la Roche-Odon;
mais je n'ai jamais vu la vicomte
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