ace parfaite qui eut donne du courage a la
solliciteuse la plus reservee.
Mais ce n'etait point en solliciteuse que madame Pretavoine se
presentait.
Elle tendit a la vicomtesse la lettre de l'avoue.
Bien qu'elle fut longue, madame de la Roche-Odon la lut d'un coup
d'oeil.
--Ah! madame, dit-elle lorsqu'elle l'eut achevee, combien j'ai d'excuses
a vous faire; c'est vous qui venez chez moi quand c'eut ete a moi
d'aller chez vous, si vous aviez bien voulu m'envoyer cette lettre au
lieu de prendre la peine de me l'apporter.
--C'etait a moi, madame, d'avoir l'honneur de vous faire la premiere
visite.
--M. Filsac me dit que vous voyez souvent ma chere fille et que vous
pouvez me parler d'elle longuement. Comment est-elle, la pauvre petite?
C'etait la que madame Pretavoine attendait madame de la Roche-Odon; la
premiere partie de son plan avait reussi, elle etait entree dans la
place. A elle maintenant, a son adresse, de s'y etablir, a son tact de
s'y maintenir.
Puisqu'on l'interrogeait, elle pouvait repondre, et pour cela prendre
son temps.
--Il faut, dit-elle, que je vous explique, madame, comment M. Filsac a
ete amene a me charger de cette lettre et a vous faire parvenir par
moi des nouvelles de mademoiselle Berengere. Touches, comme tous les
catholiques, des malheurs du Saint-Pere, nous avons organise dans le
diocese de Conde une loterie de Saint-Pierre, dont le produit devait
etre offert a Sa Saintete. Grace au ciel, nous avons ainsi reuni une
assez grosse somme, je dis grosse, relativement a nos ressources,--et
comme j'etais la tresoriere de l'oeuvre, j'ai ete designee pour la
porter a Rome.
Bien que madame Pretavoine n'eut jamais etudie l'art de la rhetorique,
elle venait, en peu de mots, de batir un exorde qui reunissait toutes
les qualites requises.
Le but de l'exorde etant de se concilier la bienveillance de la personne
a laquelle on s'adresse, madame Pretavoine avait voulu tout d'abord se
faire connaitre. Qui elle etait? Une des premieres de Conde assurement,
puisqu'elle avait ete la tresoriere d'une oeuvre importante, et que de
plus elle avait ete choisie entre tous pour venir a Rome, au nom du
diocese entier; catholique fervente, cela va sans dire, et devouee aux
interets du Saint-Pere, compatissante a ses malheurs. Que demander
encore? Tout de suite on voyait a qui on avait affaire et quelle foi on
devait accorder a ses paroles.
Elle poursuivit:
--Quand M. Filsac, votre avoue, apprit
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