u'on remontant le
littoral, qu'ils serraient d'assez pres, un spectacle fort attrayant
pour des yeux de chasseurs leur fit aussitot oublier qu'ils etaient
presses....
Deux caribous,--arretes au bord de la mer, ou ils etaient venus boire
sans doute,--se tenaient cote a cote, les pieds dans l'eau et la mine
inquiete, regardant cette embarcation voilee qui se mouvait sans bruit,
a quelque distance du rivage.
La tentation etait vraiment trop forte!....
Un coup de barre, et la barque se dirigea vers le rivage, qu'elle
laboura de son etrave et ou elle s'immobilisa.
Les deux jeunes gens, le fusil a la main, etaient deja partis en chasse.
Mais les gentilles betes,--revenues de leur premier mouvement de
surprise et ramenees d'instinct au sentiment de la prudence,--
pirouetterent sur leurs pieds et disparurent sous bois, gagnant la cote
voisine.
Les chasseurs s'elancerent sur leurs traces et eurent bientot fait
d'escalader la cote boisee qui leur masquait l'horizon du nord.
Arrives sur la crete, ils s'arreterent un moment pour reprendre haleine
et s'orienter.
Devant eux s'etendait une large savane, tapissee de bruyeres longues et
maigres, emergeant d'une herbe jaunie, haute et clairsemee. Ca et la,
des rochers du formes diverses accidentaient cet espace decouvert, que
_Jupiter tonnant_ avait du defricher lui-meme S'il fallait en juger par
les souches a demi calcinees qui dressaient partout leurs squelettes
noircis.
Au-dela de cette savane, au pied de la chaine de montagnes qui fermait
l'horizon du nord, Se voyait une lisiere de foret epargnee par
l'incendie.
C'est vers ce bois que se dirigeaient les caribous, quand nos chasseurs
les revirent du haut de la cote.
La deliberation ne fut pas longue.
Nos jeunes Nemrods resolurent de continuer la poursuite.
Mais ce fut bien inutilement qu'ils s'essoufflerent a courir au milieu
de cette savane pleine de trous et de bosses, car les caribous prirent
un galop allonge, qui les porta en quelques minutes au pied des
contreforts boises de la chaine de montagnes, ou ils disparurent....
Haletants et penauds, les deux cousins s'arreterent enfin sur une
eminence rocheuse, d'ou ils pouvaient embrasser toute la savane, et meme
l'immense golfe, dont la nappe bleuatre, echancree par les dentelures
de la cote, s'etendait devant leurs yeux jusqu'au littoral ouest de
Terre-Neuve.
Quel panorama!
A droite, le bras oriental de la baie de Kecarpoui s'avancait dans
la me
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