ien que j'ai raison, puisque vous en convenez....
--Il le faut bien, mon Dieu!
--Mais, enfin, Suzanne, pourquoi ce revirement complet?....
Qu'avons-nous fait de reprehensible?.... Vous savez comme nos intentions
sont pures et quel respect accompagne notre mutuelle tendresse.
--Oh! Arthur, ce n'est pas la que vous trouverez la source de tout ce
qui arrive.
--Vous savez quelque chose, Suzanne?
--Peut-etre bien. Mais je ne suis pas sure.... je pourrais me tromper.
--Parlez, parlez.
--Eh bien, ma mere a recu une visite il y a une dizaine de jours.
--Une visite!.... D'ici, de la cote?
--Non, de Miquelon.
--Par quelle voie?
--Ce doit etre par notre barque, car l'etranger accompagnait Thomas.
Vous savez que mon frere a ete toute une semaine au large, en compagnie
de votre cousin Gaspard?....
--Je ne sais rien, Suzanne. En effet, Gaspard s'est absente pendant de
longs jours, sous pretexte d'une excursion de chasse au loin. Mais il
est si bizarre, mon taciturne cousin, qu'on ne remarque plus, chez nous,
ses frasques.
--Vous avez tort, Arthur. Quelque chose me dit que vous devriez, au
contraire, ne pas le perdre entierement de vue et meme vous defier un
peu de lui.
--De Gaspard!.... Qui peut vous faire croire?....
--Ecoutez, Arthur....
Et Suzanne, baissant instinctivement la voix, se rapprocha davantage.
Puis elle detourna soudain la tete et preta l'oreille.
--Avez-vous entendu? dit-elle.
--Non.
--On dirait quelqu'un s'agitant dans le feuillage.
Arthur jeta un rapide coup-d'oeil vers l'endroit ou son cousin, dans sa
cachette, avait sans doute fait quelque mouvement involontaire.
Puis, haussant aussitot les epaules:
--Comme vous etes nerveuse, Suzanne!.... Vous voyez du danger partout.
--C'est vrai, fit la jeune fille, reprenant sa position premiere. Moi,
si vaillante d'habitude, je tremble, depuis quelque temps, a la moindre
alerte.
--Cette fois, du moins, ce n'est rien: quelque ecureuil qui prend ses
ebats.
--Je vous disais donc: Defiez-vous de votre cousin; il a les yeux
mechants....
--Ah! ah!
--.... Et je n'aime pas sa facon de me regarder.
--Vous etes si belle!....
--Ne riez pas, Arthur. Ces jours derniers, me voyant les yeux rouges, il
me dit avec un mauvais rire:
--Qu'avez-vous, Suzanne?
--"Rien qui vous concerne!" ai-je repondu brusquement.
--"Vous etes-vous querelle avec votre amoureux?" a-t-il ajoute d'un air
moqueur.
--"Ca ne vous regarde
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