en face du lieu de l'echouement.
La chaloupe, remise sur sa quille, gisait eventree au fond d'une
petite anse de sable, limitee du cote ouest par une arete rocheuse qui
s'avancait de quelques toises vers la mer.
En quelques enjambees, les deux explorateurs y etaient.
--Attention, tante Mimie! prononca Wapwi avec la gravite d'un juge
d'instruction.... Vois d'abord ce trou ou plutot ce decoupage dans le
bois comme s'il etait fait par un outil tranchant....
--Je vois, dit Mimie.... C'est net, et si l'on l'on retrouvait l'outil,
comme tu dis....
--On le retrouvera, tante Mimie. En attendant; grave-toi bien dans
l'oeil la forme de cette ouverture, car j'ai dans l'idee que la premiere
chose que feront l'oncle Gaspard et son ami Thomas sera d'enlever dette
planche pour en mettre une autre....
--Tu as raison, petit. Mais la planche primitive, avec son trou a cinq
pointes restera gravee dans ma memoire.
--Bon. C'est tout pour ici. Voyons maintenant ou la chaloupe a frappe...
Tiens, c'est la.... Regarde un peu ce cocher a fleur de sable.... Il est
vieux, jaune et sale partout, excepte en un endroit,--tiens, vois-tu?
--En effet, il y a la une cassure fraiche.... On dirait qu'on vient de
briser la partie qui manque.
--C'est cette partie du rocher qu'il nous reste a retrouver. Je m'en
charge, Tu vas voir qu'on est bien heureux parfois d'etre venu au monde
dans la peau d'un sauvage.
Mimie eut un faible sourire et suivit son guide vers la cote.
Celui-ci commenca par examiner soigneusement les pistes des pieds nus
sur le sable.
C'etait un enchevetrement, a n'y rien comprendre.
Mais, de ce reseau de pistes, s'en detachaient deux dans la direction de
la falaise: une y allant, l'autre en revenant.
--Suivons ces pistes, dit Wapwi a sa compagne.
Mimie emboita le pas de son petit protege, et tous deux, l'un suivant
l'autre, se dirigerent vers la lisiere de foret bordant le rivage.
Maia, une fois sous bois, la jeune fille s'arreta, bien empechee de
savoir quel cote prendre.
--Laisse-moi faire, petite tante, dit l'enfant... C'est ici que Wapwi va
redevenir Abenaki pour quelques minutes.
Alors, le descendant des aborigenes du golfe, penche vers le sol,
examina chaque brin d'herbe couche sous une pression quelconque, chaque
menue branche, chaque rameau froisse ou deplace....
Et il allait, il allait, lentement, mais avec une quasi-certitude.
Arrive a quelques pieds de la falaise, il avisa une grosse tal
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