tre....
C'est la fameuse goelette qui fait, deux fois l'an, la visite des
etablissements de peche dissemines sur la cote du Labrador, achete le
poisson, fournit les provisions et transporte d'un point a un autre le
missionnaire catholique.
Enfin, dans l'ouverture de la baie, une troisieme goelette, veritable
bijou d'architecture navale, arrive, toutes voiles hautes, Puis,
diminuant de toile a mesure qu'elle avance, finit par aller jeter
l'ancre au beau milieu du courant, droit en face de l'humble demeure des
Labarou.
Sur le tableau d'arriere de celle-ci se lit un nom fatidique: _Le
Revenant_.
Pendant que l'equipage s'occupe a serrer les voiles et aux soins
multiples du mouillage, le capitaine se laisse glisser dans la chaloupe
du bord, suivi d'un enfant d'une quinzaine d'annees, dont la figure tres
basanee rayonne comme un soleil....
C'est Arthur Labarou. suivi de son fidele Wapwi,--lequel, pressentant
l'arrivee de son maitre, a trouve le moyen de rallier la goelette, a
l'est du la baie, dans son canot.
Mais deja, de l'humble maisonnette, surgissant tour a tour, un
vieillard, encore vert quoique courbe, une femme a cheveux blancs et une
belle jeune fille, toute pale d'une emotion extraordinaire....
Arrives a une couple d'arpents l'un de l'autre, les deux groupes
s'observent avec un trouble grandissant....
La vieille femme a cheveux blancs s'arrete et se prend a trembler de
tous ses membres...
Le vieillard leve les bras vers le ciel....
Mais la jeune fille, elle, s'elance vers le nouvel arrivant et l'etreint
rapidement:
--Mon frere!
Arthur rend l'etreinte, sans repondre.
La mere est la....
C'est pour elle la premiere parole.
Il court, la prend dans ses bras, baise ses cheveux blancs et se glisse
a ses genoux, en disant que ce mot qui dit tout:
--O mere!
Le pere, a son tour, presse son fila sur sa poitrine....
Puis on entre a la maison....
La porte se ferme....
Une scene, qui ne se decrit pas, a lieu entre les divers personnages de
cette famille, hier encore abimee dans le desespoir.
La joie a sa pudeur.
Tirons le rideau sur ces epanchements sacres....
Un quart-d'heure s'ecoula.
Puis la porte se rouvrit, pour livrer passage au capitaine du
_Revenant_, qui semblait au comble de l'anxiete et disait rapidement a
sa soeur:
--Ainsi, tu es sure que Suzanne m'est restee fidele et qu'on lui force
la main?....
--Absolument sure, mon frere.... Ah! pauvre fille, comme e
|