avec cet aimable assassin.
--Ah! capitaine, puissiez-vous dire vrai!.... Si, au commencement du
mois de juin de l'annee 1863, je pouvais apparaitre dans ca petit coin
du Labrador, ou l'on me croit, sans doute, au fond de l'eau, quel
reglement de comptes, comme vous dites, capitaine!
--Nous y serons, mon jeune ami, Dieu aidant.... Le capitaine Pouliot, de
Quebec, connait son navire, _l'Albatros_. D'ailleurs, j'ai promis a mon
armateur, M. Ross, que je serais de nouveau en rade de Quebec avant la
fin du mois de juin. Et, ce que je promets, vous saurez, a moins que le
diable ne s'en mele....
--Vous le tenez?.... Eh bien, tant mieux, et puissent les vents et la
mer nous etre favorables!
--Amen! fit le capitaine.
Sur quoi, les deux amis monterent sur le pont, ou le capitaine constata
que tout allait bien, sous l'oeil de Dieu.
Mais resumons....
Le voyage, par le cap de Bonne-Esperance et l'Ocean-indien dura trois
mois et demi.
Los vents avaient ete maniables et la mer, clemente.
On avait passe la ligne deux fois, lorsque, dans les premiers jours de
janvier, on arriva en vue de la grande ile de Ceylan.
Une partie du chargement y fut debarquee; puis on continua jusqu'a
Madras, pour livrer ce qui restait.
Vers la fin de janvier 1853, commenca le voyage de retour, en longeant
la cote de Coromandel, pour s'engager dans le detroit de Manaar.
Mais, contrarie par une tres grosse brise de ouest-sud-ouest,
_l'Albatros_ dut chercher refuge dans la baie de Condatchy, qui echancre
le littoral ouest de l'Ile de Ceylan.
On fut la deux jours a l'ancre, un calme plat ayant succede a la
bourrasque qui avait fait rage.
Une multitude d'embarcations de toutes formes y faisaient la peche des
perles.
Pour tuer le temps, le capitaine proposa a son lieutenant,
Labarou,--promu a ce grade apres la mort accidentelle du titulaire,
arrivee a Madras.--de tenter la fortune.
Celui-ci, plongeur emerite et pouvant rester pres d'une minute sous
l'eau, y consentit.
Le reste de l'equipage voulut en faire autant....
Quelle idee lumineuse, et a quoi tient la fortune!
En moins d'une demi-journee, chaque plongeur, descendu au fond de l'eau,
au moyen d'une corde ayant une grosse pierre attachee a son extremite,
avait recueilli, a la barbe des requins, de pleins sacs d'huitres, que
l'on s'empressa d'ouvrir et dont plusieurs contenaient des perles, que
l'on ferait examiner par les marchands du Cap, en passant.
Enfin, un bon
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