de detresse,
appelant au secours, d'une voix navree....
Puis le sang se tiedit, les nerfs s'apaiserent, le sommeil vint....
Il etait sauve!
--Ou suis-je? demanda-t-il au capitaine, un beau matin.
--Sur l'atlantique, fut la reponse.
--Et nous allons!...
--Dans les Indes, a Ceylan.
Arthur se recueillit un instant pour rappeler ses souvenirs.
Mais, en depit de tous ses efforts, sa memoire ne lui disait rien, apres
le cri entendu au sein de la tempete, sur l'ilot submerge,--ce cri
d'enfant appelant: "Petit pere!"
--Wapwi! pensait-il.... C'etait Wapwi!.... Et c'est le chaland qu'il
montait qui m'a recueilli.... Mais lui, le cher petit, qu'est-il
devenu?.... noye, sans doute.... Pauvre enfant!
Et Arthur sentait des larmes courir dans sus yeux, a cette triste
pensee.
--Capitaine, dit-il, mon malheur est plus grand que vous ne le
pensez, et, puisque la Providence a voulu que je fusse sauve par un
compatriote,... car vous etes Francais, n'est-ce pas?
--Canadien-francais, de Quebec, repondit le capitaine.
--C'est tout comme.... Eh bien, je ne veux rien vous cacher; je ne suis
pas un naufrage, capitaine!
--Alors?.... fit le marin, etonne.
--Je suis la victime du plus lache attentat qui se puisse imaginer...
J'ai ete abandonne sur un ilot perdu, a maree basse, avec en perspective
d'une lente agonie et d'une mort inevitable, quand la mer viendrait a
couvrir mon rocher, au montant.
--C'est horrible, cela! interrompit le Canadien, s'approchant du
naufrage avec un redoublement d'interet.
--Laissez-moi vous raconter cette histoire, qui ressemble a un conte des
_Mille et Une Nuits_.
Le capitaine fit un geste d'assentiment.
--Allez, mon jeune ami, dit-il en bourrant sa pipe. J'ai aujourd'hui,
grace au bon vent, plus de loisirs a vous consacrer, que d'habitude.
Alors Arthur fit le recit court, mais tres mouvemente, de ce qui avait
precede et amene, suivant lui, l'affaire de l'Ilot.
Puis il conclut, en disant:
--Que pensez-vous, capitaine, d'un parent capable d'une pareille
infamie?
--Je pense que ce gaillard-la finira par etre pendu a la maitresse
vergue du premier navire sur lequel il mettra le pied,--quand ce serait
le mien....
En attendant, jeune homme, suivez-moi ou j'irai, et soyez certain qu'en
juin prochain,--avant la visite du missionnaire qui pourrait bien, sans
cela, marier votre cher cousin a votre fiancee,--je vous, aurai ramene a
Kecarpoui, ou vous reglerez vos comptes
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