cri d'adieu, qui fut entendu du petit sauvage arrivant a la
rescousse.
Ce qui suivit paraissait, dans le souvenir d'Arthur, comme un grand
eclair, suivi d'une nuit profonde.
Une voix d'enfant, bien connue,--celle de Wapwi,--avait crie ".... Petit
pere!...."
Puis une masse sombre, se balancant au sommet d'une vague enorme, avait
semble s'abattre sur le naufrage qui, d'instinct, avait etendu les bras
vers cette "chose" entrevue, s'y etait cramponne, hisse, jouant des
coudes et des genoux, jusqu'a ce qu'il se sentit enfin emporte dans une
embarcation, venue a lui miraculeusement, et tourbillonnant sous la
poussee des lames affoles....
Et puis, quoi encore?...
Rien.... pendant dea heures, si ce n'est le balancement de l'esquif
qui le portait, l'ecuma des vagues l'inondant, la brise sifflant
toujours....
Pendant combien de temps dura cette demi-inconscience, cet affaissement
de l'ame et du corps, cette insouciance absolue de ce qui se passait
dans le monde physique?....
[Illustration: Gaspard d'elanca vers la jeune fille qu'il prit dans ses
bras.]
Des heures entieres, sans doute, puisque, eveille soudain par des cris
d'appel, Arthur Labarou constata, en ouvrant les yeux, que le jour
naissait.
Mais d'ou venaient les cris?...
D'un navire a l'ancre, sous l'etrave duquel le chaland du naufrage
allait s'engager.
Des matelots, en train de virer au cabestan, avaient apercu la petite
embarcation en detresse et helaient l'homme, endormi ou mort, qui se
trouvait couche dedans.
Comme cet homme, tout en no repondant pas, semblait, tout de meme avoir
un reste de vie, un des _mathurins_, s'accrochant aux sous-barbes du
beaupre, guetta le chaland au passage et s'y laissa choir.
Un grelin lui fut jete par ses camarades, et, une minute plus tard, le
naufrage, attache solidement sous les bras, etait hisse a bord.
D'ou venait-il?
On ne s'en inquieta pas.
C'etait une victime de la mer, et la grande fraternite des marins n'a
pas besoin des formalites d'une enquete pour secourir un camarade.
Le capitaine,--un jeune homme d'une trentaine d'annees, au plus,--fit
transporter l'inconnu dans sa propre cabine, ou un cadre se trouvait
libre, et se chargea lui-meme des premiere soins a donner.
Apres quoi, appele a ses devoirs de commandant, il se fit remplacer par
un homme de confiance.
Pendant trois jours, le naufrage fut en proie a une fievre ardente,
marmottant des phrases incoherentes, poussant des cris
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