et que la nuit approchait.
En meme temps, une forte brise semblait courir dans les sapins, la-haut,
sur la croupe de l'immense falaise.
--Hum! se dit-il, je voudrais bien etre rendu chez le papa Labarou!....
Je ne sais ce que je ressens au creux de l'estomac Mais le suis
inquiet.... J'ai entendu parler d'une partie de chasse sur l'ilot...
Pourvu qu'on se soit apercu qu'il va venter fort, fort!
Et Wapwi, aiguillonne par un pressentiment insurmontable se prit a
courir de toutes ses forces vers la baie.
Mais, si agile qu'il fut, il lui fallait bien moderer son allure, de
temps a autre, pour reprendre haleine.
Quand il deboucha sur la greve de la baie, apres avoir traverse
directement la pointe orientale, il etait bien pres de minuit, s'il ne
passait pas cette heure.
La brise fraichissait, mais on la sentait moins de ce cote de la pointe.
Toutefois, de sourdes rumeurs, s'elevant de partout, ne laissaient aucun
doute sur ce qui se preparait la-bas, sur le fleuve..
C'etait la tempete.
Et petit pere Arthur qui est sur l'ilot, avec _l'autre_, tout seul! se
prit a penser Wapwi, pale d'effroi.
Il se trouvait alors a quelques arpents du chalet des Noel.
Tout semblait y dormir.
Wapwi allait de-ci de-la, inquiet, indecis, ne sachant meme pas ce qu'il
voulait....
Soudain,--o bonheur!--la porte du chalet s'ouvre et une forme blanche
apparait dans l'encadrement.
--Le fantome des chutes!.... Suzanne!.... Murmure Wapwi.
--C'est Wapwi, petite mere!.... N'aie pas peur!
--Wapwi!.... Oh! cher enfant, la Sainte-Vierge t'envoie. Tu vois ce
temps?
--Oui.... Gros, gros vent!
--Une tempete, n'est-ce pas?
--Ca souffle fort, fort.... et ca sera pire, tantot.
--Oh! mon Dieu, mea pressentiments!....
--Qu'est-ce que tu as donc, petite mere?
--Ecoute-moi, petit... Ton maitre est la, sur l'ilot du large, seul,
seul... avec Gaspard, tu entends!....
--Mechant homme, l'oncle Gaspard! machonne le petit sauvage.
--Que va-t-il arriver, mon Dieu!.... J'ai peur.... Je tremble.... Et mes
freres qui sont dans les bois!.... Sur qui compter!.... Qui ira a son
secours!
--Wapwi, petite mere!
--Tu seras capable?....
--Wapwi nage comme un poisson.
--Si J'allais avec toi?.... Nous prendrions la barque.
--Trop grosse, la barque. Mieux vaut un bon canot.
--Le canot ne resisterait pas.... Mais il y a le chaland, sur la rive,
en bas d'ici.
--C'est ca qu'il faut. J'y cours.
--Il y a des rames dans le
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