ees a Arthur se nuancaient d'un peu plus d'interet.
Un incident qui se produisit vers la fin du repas eut, d'ailleurs, leve
tout doute a cet egard.
Arthur avait le poignet droit enveloppe d'un linge assez grossier. Or,
en gesticulant suivant son habitude, lorsqu'il avait le coeur en liesse,
il se heurta contre la chaise de son voisin....
Il fit aussitot une grimace de douleur, et sa chemise se teignit de
sang.
Suzanne vit et le geste de souffrance et le sang rouge qui suintait
assez abondamment a travers la manche de la chemise.
Elle devint toute pale et s'ecria:
--Ah! mon Dieu, M. Arthur, vous vous etes fait mal!
--Ce n'est rien, repondit le jeune Labarou, dont la figure un peu
contractee par la douleur dementait les paroles.
--Mais vous saignez!.... Voyez-donc!
--Je suis un maladroit.... J'ai derange mon appareil.
Suzanne se leva vivement et courut a lui. Puis, a'emparant de son bras
et deboutonnant avec prestesse le poignet de la chemise:
--Laissez-moi voir et tout remettre en place.
--De grace, mademoiselle, balbutia Arthur devenu rouge comme un
coquelicot, ne vous donnez pas cette peine: ce n'est qu'une egratignure
que je me suis faite gauchement tout a l'heure.
--Une egratignure! goguenarda le petit Louis.... C'est-a-dire que c'est
bel et bien une affreuse entaille, longue de trois ou quatre pouces....
Regarde ca, "un peu voir", Suzanne, si tu en es capable.
Suzanne ne repondit pas.
D'une main febrile, elle releva la chemise et deroula le linge, macule
de sang, qui enveloppait le poignet d'Arthur.
Une eraflure tres respectable beait a l'extremite inferieure de
l'avant-bras. Il y avait du sang coagule dans la plaie et tout a
l'entour. La pansement n'avait pas ete fait avec soin.
C'etait laid, mais peu dangereux.
Cependant, Suzanne et sa mere, qui s'etait aussi approchee, jeterent les
hauts cris.
[Illustration: D'une main febrile, Suzanne releva la manche.]
--Ah! Seigneur... Mais c'est affreux!... gemit la tendre Suzanne, en
joignant les mains avec une detresse sincere.
--Pauvre jeune homme! dit a son tour la mere Noel, comment vous
etes-vous abime de la sorte!
--Oh! le plus sottement du monde.... J'ai degringole du haut d'un sapin,
et c'est en cherchant a me retenir qu'un coquin de noeud m'a arrange le
poignet de cette facon.
--Vous etes trop imprudents aussi, mes chers enfants, et vous finirez
par vous rompre le cou, avec vos tours d'agilite. Tout de meme, pu
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