un trait et disparut dans les broussailles.
--Qu'est-ce qui le prend? se demanda Arthur, qui le suivait des yeux
avec etonnement.
Ce petit bonhomme l'interessait decidement. Il lui trouvait de ces
allures, a la fois farouches et gentilles, qu'ont les jeunes chats qui
commencent a s'apprivoiser.
Cependant le petit bonhomme revint bientot, toujours courant. Il tenait
a la main une large ecorce, qu'il venait de detacher d'un bouleau et
qu'il faconnait a l'aide de son poignard,--sans s'arreter, du reste.
En un tour de main, il eut fabrique un de ces recipients que nos
sucriers canadiens appellent cassots et qu'ils destinent a recueillir la
seve de l'erable a sucre.
Un ruisseau coulait non loin de la. Le cassot y fut empli et rapporte a
bras tendus.
Tout cela dans le temps de le dire.
C'est alors que les Labarou eurent d'explication de l'utilite du
batonnet fiche dans la terre recouvrant le jambon.
De temps en temps, en effet, le petit sauvage avait le soin de retirer
ce batonnet pour vider un peu d'eau dans le trou qu'il laissait.
Et, chaque fois, un jet de vapeur montait a l'orifice:
--Bravo, garcon!.... s'ecriait Arthur, tout a fait enchante de son
protege.
Puis a Gaspard, toujours calme ut froid:
--Quel luxe, cousin!... Une cuisine a vapeur dans les savanes du
Labrador!
--Tout cela prend bien du temps... murmurait ce dernier, une main sur
l'estomac.
Mais non!... Il se trompait, le cousin; car, en moins d'une demi-heure,
le gigot fut retire du trou et servi sur une belle ecorce de bouleau.
L'appetit aidant, sans doute, il fut trouve mangeable par les Francais,
qui lui firent honneur.
Quand au "sauvagillon", il en avait la figure toute irradiee.
--Ah! mes amis, conclut Arthur en se levant de table, si, pendant la
derniere quinzaine, ce jambon, au lieu de courir la savane, se fut
tranquillement repose dans une bonne saumure, il serait superbe!
--Il ne lui manque, en effet, qu'une chose, appuya Gaspard: du sel.
--Nous salerons ceux qui restent, aussitot arrives:--car nous les
emportons, tu sais!....
--Et la peau?
--Moi porter la peau, dit l'enfant.
--Non pas; c'est trop pesant pour toi, protesta Arthur. Je m'en charge.
Vous deux, prenez chacun un gigot, et en route!... voici le soleil qui
baisse.
Avant de partir, toutefois, les jeunes Francais voulurent donner une
sepulture sommaire au vieux sauvage, qui gisait la, pres d'eux.
Mais l'enfant les genait.
Comment l'elo
|