attendre que l'appareil de
Gaspard fut prit a fonctionner.
De son cote, celui-ci trouvait le nouveau marmiton bien lent a apporter
au fourneau la "piece de resistance" du futur diner.
De sorte que tous deux se regarderent d'un air assez drole, qui voulait
dire clairement: "Eh bien, qu'est-ce que tu attends?"
De toute evidence, nos deux taciturnes ne se comprenaient pas du tout.
Heureusement, Arthur,--qui n'avait pas, lui, la langue dans sa
poche,--intervint:
--Alors, gamin, demanda-t-il a l'enfant, que fais-tu la?.... Te
manque-t-il quelque chose?
--Cailloux! repondit le marmiton improvise, en deposant son jambon par
terre et, designant le feu:
--Des cailloux dans le feu! se recria Arthur. Pourquoi faire? Les
cailloux de ce pays-ci seraient-ils du charbon de.... pierre, par
hasard?
Mais Gaspard, lui, avait fini par comprendre.
--J'y suis! dit-il.... Des cailloux rougis au feu, un trou dans la
terre.... Nous dinerons avec du jambon d'ours cuit a l'etouffee.
--Tiens! c'est vrai.... j'ai entendu parler de cette cuisine de
voyage.... Laissons notre petit ami preparer la chose a sa guise, et
agissons. Moi, je vais chercher des cailloux. Toi, creuse un trou comme
tu pourras.
En un clin-d'oeil, Arthur eut rempli son chapeau de ces pierres
arrondies, a nuances variees, qui abondent dans ces parages.
Il les disposa adroitement entre les tisons du foyer et se chargea
d'entretenir le feu.
Gaspard, de son cote, creusait une fosse dans le sable, se servant, en
guise de pioche, d'un bout de branche pointue et, a defaut do beche, de
ses mains, pour rejeter la terre au dehors.
Bref, nos trois affames y mettant chacun du sien, un lit de cailloux
brulants fut etendu au fond de cette fosse, puis recouvert d'une couche
d'herbes sur lesquelles le cuissot fut depose. Par-dessus, on ajouta une
nouvelle couche d'herbes; puis on remplit la fosse de terre autour d'un
baton maintenu verticalement au centre, de facon qu'en le retirant
avec precaution, il restat une sorte de cheminee communiquant avec
l'exterieur.
Ces deux operations terminees, les deux cousins crurent, cette fois,
qu'il n'y avait plus qu'a laisser faire et prirent une posture aisee
pour fumer une bonne "pipe" de tabac--histoire de tromper la faim canine
qui les travaillait.
Mais le petit sauvage, lui, songeait bien au repos, vraiment!
Il furetait du regard autour de lui, ayant l'air de chercher quelque
chose.
Tout a coup, il partit comme
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