l, et puis le pied, et puis la
jambe, et puis la cuisse, et puis le ventre, et puis la poitrine, et puis
la gorge, mais ces trois derniers par un grand mouvement de dilatation...
le visage demeurant cependant tousjours apparemment interdit de tous ses
sens, les quels enfin il reprend tout a coup en grimacant et hurlant et la
religieuse retournant en meme temps en ses agitations et contorsions
precedentes."
Le docteur Ese[1] raconte comme suit ce qu'eprouvait la soeur Marie du
couvent des religieuses de Louviers:
[Note 1: _Traicte des marques des possedes_, p. 51.]
"La derniere qui etoit soeur Marie du Sainct-Esprit, pretendue possedee par
Dagon, grande fille et de belle taille un peu plus maigre, mais sans
mauvais teint ny aucune sorte de maladie entra dans le refectoire... le
visage droict sans arrester ses yeux, et les tournant d'un coste et
d'autre, chantant, sautant, dansant, et frappant doucement, qui l'un, qui
l'autre, et en suite en se pourmenant tousjours, parla en termes tres
elegants et significatifs du contentement qu'il avoit (parlant de la
personne du diable) de sa condition et de l'excellence de sa nature... et
disoit tout cela en marchant avec une contenance arrogante, et le geste
semblable, ensuite il commenca a entrer en furie et prononcer quantite de
blasphemes, puis se prit a parler de sa petite Magdelaine, sa bonne amie,
sa mignonne, et sa premiere maistresse, et de la se lanca dans un panneau
de vitre la teste la premiere sans sauter et sans faire aucun effort, et y
passa tout le corps se tenant a une barre de fer qui faisoit le milieu, et
comme elle voulut repasser de l'autre coste de la vitre, on lui fit
commandement en langage latin _est in nomine Jesu rediret non per aliam sed
per eadem viam_, ce qu'apres avoir longuement conteste et dit qu'il n'y
rentreroit pas, elle le fit pourtant et rentra par le meme passage, et
aussitost qu'elle fut revenue, les medecins l'ayant consideree, touche le
poulx et fait tirer la langue, ce qu'elle permit en raillant et parlant
d'autre chose, ils ne luy trouverent ny esmotion telle qu'ils avoient cru
devoir estre, ny autre disposition conforme a la violence de tout ce
qu'elle avoit fait et dit; et sortir de cette sorte contant tousjours
quelque bagatelle et la compagnie se retira."
Un autre historien des possedees de Louviers[1] rapporte ce fait
surprenant:
[Note 1: _Histoire de madame Bavent, religieuse du monastere de
Sainct-Louis de Louvi
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