bat.
Le demon Antesser leur apparaissait sous diverses formes, mais le plus
souvent en justaucorps gris, avec des chausses rouges ornees de rubans, des
bas bleus, une barbe rousse, un chapeau pointu. Il les emportait a travers
les airs a Blokula, aide d'un nombre suffisant de demons, pour la plupart
travestis en chevres; quelques sorcieres, plus hardies, accompagnaient le
cortege, a cheval sur des manches a balai. Celles qui menaient des enfants
plantaient une pique dans le derriere de leur chevre; tous les enfants s'y
perchaient a califourchon, a la suite de la sorciere, et faisaient le
voyage sans encombre."
"Quand ils sont arrives a Blokula, ajoute la relation, on leur prepare une
fete; ils se donnent au diable, qu'ils jurent de servir; ils se font une
piqure au doigt et signent de leur sang un engagement ou pacte; on les
baptise ensuite au nom du diable, qui leur donne des raclures de cloches.
Ils les jettent dans l'eau, en disant ces paroles abominables:
--"De meme que cette raclure ne retournera jamais aux cloches dont elle est
venue, ainsi que mon ame ne puisse jamais entrer dans le ciel."
"La plus grande seduction que le diable emploie est la bonne chere; et il
donne a ces gens un superbe festin, qui se compose d'un potage aux choux et
au lard, de bouillie d'avoine, de beurre, de lait et de fromage. Apres le
repas, ils jouent et se battent; et si le diable est de bonne humeur, il
les rosse tous avec une perche, "ensuite de quoi il se met a rire a plein
ventre." D'autres fois il leur joue de la harpe."
"Les aveux que le tribunal obtint apprirent que les fruits qui naissaient
du commerce des sorcieres avec les demons etaient des crapauds ou des
serpents.
"Des sorcieres revelerent encore cette particularite, qu'elles avaient vu
quelquefois le diable malade, et qu'alors il se faisait appliquer des
ventouses par les sorciers de la compagnie."
"Le diable enfin leur donnait des animaux qui les servaient et faisaient
leurs commissions, a l'un un corbeau, a l'autre un chat, qu'ils appelaient
_emporteur_, parce qu'on l'envoyait voler ce qu'on desirait, et qu'il s'en
acquittait habilement. Il leur enseignait a traire le lait par charme, de
cette maniere: le sorcier plante un couteau dans une muraille, attache a ce
couteau un cordon qu'il tire comme le pis d'une vache; et les bestiaux
qu'il designe dans sa pensee sont traits aussitot jusqu'a epuisement. Ils
employaient le meme moyen pour nuire a leurs ennemis, qu
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