tait impossible que tant de
cruaute et de sceleratesse eussent ete souffertes par nos ancetres, sans
etre reprimees. Quelques-uns consideraient la Traite comme l'un de ces
maux necessaires et inevitables qui font partie du systeme du monde, et
contre lesquels les hommes ne peuvent rien, pas plus que contre les
eruptions d'un volcan, ou les ravages d'un ouragan. Ces hommes oubliaient
que trop souvent l'empire de l'habitude a denature les sentimens de
l'homme et fait taire sa conscience; ils oubliaient qu'autrefois
l'autorite des sages et des hommes de bien a sanctionne des crimes que la
morale condamne justement aujourd'hui; que, par exemple, la destruction
des enfans nouveau-nes par les auteurs de leurs jours, crime horrible
contre lequel il semblait que la nature eut suffisamment premuni l'homme,
a autrefois prevalu parmi les nations les plus civilisees du globe. Et
cela est si vrai, qu'un historien celebre, grand admirateur des nations
payennes, n'a pu s'empecher d'avouer que le crime d'exposer les enfans
nouveau-nes, etait devenu, une maladie incurable dans toute l'antiquite.
Enfin, il s'agissait de lever le voile epais qui couvrait, depuis si
long-temps, le continent Africain et les scenes homicides dont il etait le
theatre. Bientot quelques rayons de lumiere commencerent a poindre sur
l'horizon. Le ciel voulut qu'a cette epoque il se trouvat des hommes qui
dirigerent leurs efforts et leurs recherches vers ce grand objet. Mais,
les travaux de ces hommes promettaient, dans l'origine, si peu de
resultats, que, lors des premieres enquetes faites par les
abolitionnistes, les marchands d'esclaves interesses a prolonger
L'ignorance generale, vinrent eux-memes apporter leur tribut de lumieres,
et faire connaitre ce qu'ils savaient. Cependant, leurs interets menaces
sonnerent bientot l'alarme. Des-lors, ils s'efforcerent d'intercepter la
verite et d'entraver la marche des enquetes. Mais le trait de lumiere
qu'on avait vu briller, avait suffi pour eclairer les yeux, et avait
revele au public epouvante, des horreurs qu'on n'avait jamais soupconnees.
Je n'oublierai jamais l'impression que produisit sur tous les esprits
humains et genereux la premiere exposition de tant de forfaits. Supposez
un demon effroyable et horrible, ayant reussi a se revetir, pour quelque
temps, d'une forme humaine, et a se meler, parmi les hommes, et qui,
touche tout-a-coup par la baguette d'un genie, est rendu a sa laideur
primitive et a ses hideuses
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