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Cependant les abolitionnistes qui n'avaient pas assez la conscience de
leurs forces, et qui desiraient d'ailleurs mettre cette grande mesure a
l'abri de la plus legere objection, n'avaient affecte au crime de la
Traite que des chatimens pecuniaires, avec la confiscation du navire et de
sa cargaison. Mais ces dispositions penales, apres un mur examen, ayant
paru trop faibles, bientot une loi fut promulguee assignant a la Traite un
caractere infamant, et la frappant, comme crime de felonie, d'une peine
infamante. Cependant, par un sentiment d'indulgence pour ceux d'entre les
criminels a qui l'autorite des lois anterieures aurait pu faire perdre de
vue l'horreur de ce crime, la peine de mort fut ecartee, et la peine de la
deportation adoptee. Ainsi, les coupables negriers allerent des lors
justement prendre place parmi ces vils scelerats que la Grande-Bretagne
degorge annuellement de son sein, comme indignes de la societe qui les
repousse. Nulle voix ne s'eleva en leur faveur, et depuis ce jour,
l'opinion publique a classe les negriers dans l'espece la plus lache et la
plus vile des criminels.
Tel etait l'etat des choses dans l'opinion et dans les lois de la
Grande-Bretagne, quand la paix vint terminer les sanglans et longs demeles
qui avaient, depuis plus de vingt ans, divise les nations de l'Europe. La
reunion de toutes les Puissances europeennes en Congres, parut aux
abolitionnistes une occasion favorable pour faire proclamer, publiquement
et a la face du monde, le caractere veritable de la Traite, et pour
engager solennellement la religion des nations civilisees a delivrer
l'Afrique de ses bourreaux. Jamais espoir ne fut plus fonde que le notre.
Et, par le fait, la Traite, a cette epoque, avait cesse de la part de tous
les peuples, a l'exception du Portugal qui ne la continuait guere que sur
les points de l'Afrique soumis a son impitoyable domination. L'etroite
alliance qui, malheureusement pour le genre humain, existait alors entre
le Portugal et la Grande-Bretagne, en favorisant la libre navigation des
vaisseaux de cette puissance, donnait aux negriers portugais une
deplorable facilite dans leurs coupables operations.
Quoiqu'il en soit, le Portugal excepte, aucune nation de l'Europe
n'exercait la Traite, et on avait droit d'esperer que toutes les
Puissances europeennes se reuniraient pour proscrire ce commerce
devastateur, et pour proteger a jamais l'Afrique contre ses ravages. Sur
ce point, notre esperanc
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