ns rendre justice aux grands criminels de la revolution;
c'etaient de hardis scelerats, mais non des hypocrites. Ils n'ont jamais
pretendu au titre de chretiens. Dans la guerre impie qu'ils avaient
declaree aux hommes, ils avaient enveloppe l'Eternel lui-meme, et ne lui
demandaient rien. Ils etaient pousses au crime par le plus redoutable de
tous les stimulans, les fureurs et les haines de parti: ayant la
conscience des dangers qu'ils couraient et du chatiment qui les attendait,
leurs ames etaient dans un etat perpetuel de delire et dans la folie du
desespoir. Les objets de leurs cruautes, c'etaient leurs ennemis
politiques: ils les combattaient avec acharnement et a outrance; ils les
traitaient, comme ils s'attendaient a en etre traites, sans pitie, sans
misericorde. Dans la nature meme de leurs forfaits, il y avait un gage de
leur peu de duree. Ils n'avaient point de sobriete dans leur systeme: ils
n'avaient pas meme coordonne un systeme. Il serait donc injuste de faire
entrer leurs crimes en parallele avec ceux des negriers. Ces derniers
froidement combines, sont le resultat de speculations mercantiles. Et sur
qui sont commis ces crimes? Il ne faut pas l'oublier, c'est sur des
individus inoffensifs que les agens de la Traite vont chercher dans un
pays eloigne. La force et la ruse sont employees, tour a tour et a la
fois, contre ces deplorables victimes de l'avarice du negrier qui,
calculant tranquillement les benefices de son crime, se propose, de sang
froid, de fonder sur la base du vol et de l'homicide, son systeme
commercial. Sans doute, c'est un spectacle qui fait horreur, que le
spectacle de ces bourreaux athees blasphemant et renoncant la Divinite.
Mais il y a quelque chose de plus affreux encore aux regards de tout
esprit eclaire; c'est ce dementi pratique et journalier donne a la
providence d'un Dieu bon et paternel, en bravant froidement et
systematiquement sa vengeance, par la continuation d'une Traite reconnue
pour la violation la plus manifeste de ses lois. L'athee le plus opiniatre
peut etre eclaire, le plus grand criminel peut se repentir et etre
pardonne; mais que dirons-nous de ces hommes qui, reconnaissant l'autorite
divine et l'enormite de leur crime, declarent, neanmoins, que ce crime
tout flagrant, tout cruel qu'il est, est trop lucratif pour qu'ils en
abandonnent l'exercice?
Il est une reflexion, surtout, qui doit eveiller la honte et l'indignation
dans le coeur de tout Francais sensible a l'honn
|