le pas honorable pour la France? Nous nous rappelions que
c'etait a un Roi de France qu'etaient dues ces belles paroles: "Si la
verite et la vertu etaient exilees du reste de la terre elles devraient se
refugier dans le coeur des Rois!" Nous pensions que le Souverain actuel de
la France, instruit a l'ecole de l'adversite, avait pu apprendre dans ses
redoutables enseignemens, non moins que dans la generosite naturelle de
son caractere, quel haut prix est attache a la sublime prerogative de
faire le bien. Il etait naturel de penser que lui et plus encore sa
famille, victimes de l'oppression, trouveraient dans leur coeur la
sensibilite necessaire pour compatir au destin des malheureux Africains,
victimes, comme eux, du crime triomphant. La conduite, du Monarque
Francais dans cette circonstance, semblait lui etre naturellement tracee.
Delivre de ses puissans ennemis, par les mains d'une Providence
protectrice, et retabli par elle sur le trone de ses peres, quel plus
digne tribut de reconnaissance pouvait-il offrir a l'Eternel, que de
secher les pleurs de l'infortune, que de briser les chaines de l'injustice
et de l'oppression?
Tels etaient les sentimens qui animaient le Monarque actuel de la
Grande-Bretagne, lorsque, dans la lettre qu'il adressa, a ce sujet, au Roi
de France, il le supplia avec toute la confiance de l'amitie, de se
joindre a lui dans cet acte veritablement royal, dans cet acte de justice
et d'humanite, le conjurant de lui procurer de toutes les joies la plus
delicieuse et la plus pure, en s'unissant a lui pour effacer, du caractere
de la chretiente, cette souillure honteuse et deplorable qui le deshonore.
Le Roi de France repondit, et sa reponse, on n'en peut douter, fut concue
dans le meme esprit de franchise. Il declara, dans sa lettre, qu'il etait
dispose a s'unir au Monarque de la Grande-Bretagne, dans toutes les
mesures qui auraient pour but d'assurer le repos et le bonheur du genre
humain, et particulierement en contribuant a l'extinction d'un fleau qui
ne tendait a rien moins qu'a la destruction de l'espece humaine.
Dira-t-on que le Roi de France fit alors parade d'une humanite qui n'etait
point dans son coeur? Dira-t-on qu'au lieu d'obeir a l'impulsion de sa
propre sensibilite, il ne cedait, alors, qu'a une influence etrangere?...
Certes, une pareille idee n'a jamais pu entrer dans la tete d'aucun
Anglais. Si ceux d'entre les Francais a qui je me suis specialement
adresse dans ces dernieres pages, a
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