avent par
experience ce qu'il en coute. Les officiers des Sheriffs et les receveurs
des impositions a l'interieur, font vendre sur tous les points de l'ile
des habitations dont les proprietaires, autrefois riches, sont reduits
aujourd'hui a se voir deposseder de leurs biens pour moitie de leur valeur
reelle et moins de moitie de leur prix d'achat. Toute espece de credit est
aneantie, etc., etc. Les details les plus fideles paraitraient d'une
exageration absurde."
Je pourrais continuer a citer des passages semblables; mais je me borne a
faire observer qu'a une epoque encore plus reculee, dans les vingt annees
qui se sont ecoulees de 1760 a 1780, les expropriations se sont elevees au
nombre de 80,000 et a la somme de L32,500,000, monnaie de la Jamaique,
soit 22,500,000 livres sterling. Pendant ces vingt annees, pres de la
moitie des proprietes de l'ile a change de maitres. En voila, sans doute,
plus qu'il ne faut pour renverser la supposition que l'abolition de la
Traite ait eu aucune part a la detresse actuelle de nos colonies.
Mais quels que soient les motifs de l'indulgence coupable dont jouit la
Traite des Negres, c'est, je le repete, un sujet de surprise et
d'indignation que de voir un pays tel que la France, dans le moment ou il
est rendu a la paix et a la prosperite, devenir le fleau du continent
africain, l'instrument funeste qui non seulement aggrave les souffrances
de ces malheureuses contrees, mais qui, ne l'oublions point, y prolonge a
plaisir la guerre intestine et la barbarie. Les Francais sont un peuple
brave et chevaleresque; ils nous ont dispute jadis l'empire de la mer, et
je ne puis comprendre qu'ils ne sentent pas que c'est souiller l'honneur
de leur pavillon, que d'en faire non seulement la sauvegarde d'un trafic
de sang humain, quand ce sont des navires francais qui s'y livrent, mais
le protecteur, le patron, l'ange gardien pour ainsi dire (ange de tenebres
sans doute) des plus vils aventuriers de toutes les nations.--Je ne
saurais m'empecher de croire que lorsque la nature et les effets d'un
pareil systeme seront bien connus, le sentiment moral de la France
elle-meme ne souffrira pas que la Traite continue impunement ses ravages.
Quant a nous, du moins, remplissons notre tache, et ne negligeons aucune
des ressources qui sont en notre puissance pour faire reparation a
l'Afrique des torts qu'elle a eu si long-temps a nous reprocher. Si nos
traites avec les Puissances etrangeres avaient eu pour obj
|