les droits et le bonheur du
genre humain, la religion, la justice, l'humanite, la bonne foi, et tous
les sentimens les plus sacres ne se presentent a l'esprit de Votre
Majeste, comme autant de motifs qui l'engagent a preter avec ardeur son
aide et ses secours a l'accomplissement de cette grande oeuvre de
misericorde.
Mais, si Votre Majeste me permet de lui parler sans detour et avec toute
la franchise que me prescrit l'interet de cette sainte cause, je lui
declare que, dans cette circonstance, le choix ne lui est point laisse.
D'apres les principes seuls du christianisme, il vous est defendu de
fermer l'oreille aux cris des victimes de l'oppression; mais les
stipulations d'un traite solennel obligent, en outre, Votre Majeste a
accomplir la promesse qu'elle nous donna a Vienne. Votre Majeste n'est
point interessee, personnellement, dans ce grand debat. Cette circonstance
est la plus favorable de toutes, puisqu'elle vous permet de prendre, au
milieu des parties contractantes, le caractere de mediateur, et de juger
dans cette grande cause pendante au tribunal de la nature et de la
religion. S'il etait possible que Votre Majeste se crut dispensee de
remplir ses engagemens a cet egard, sous pretexte qu'elle n'a aucun
interet personnel a les violer ou a les remplir, je vous dirais que c'est
la volonte de Dieu que vous les remplissiez, dans toutes les hypotheses,
avec le meme zele et le meme respect. Quel triomphe pour les ennemis des
Monarques legitimes! "Eh! quoi," diraient-ils, "si l'une des clauses des
traites de Vienne, relatives aux cessions ou aux delimitations de
territoire, eut ete violee, a l'instant meme on eut fait connaitre cette
violation, et on eut exige une reparation prompte, immediate. Mais le
bonheur et la civilisation de pres d'un tiers du globe habitable, ne
sont-ils donc pas d'un interet aussi grave aux yeux de ces Monarques qui
proclament les principes du christianisme comme la regle constante de leur
conduite?" Et en effet, de pareilles accusations, si elles etaient
prouvees vraies, ne justifieraient-elles pas l'opinion de ceux qui n'ont
vu, dans cette association de Rois, connue sous le nom de _Sainte
Alliance_, qu'une combinaison de vues politiques trop manifestes, et
maladroitement deguisees sous le masque de la religion? Quel sujet de
chagrin et de honte pour les veritables amis du christianisme, que de voir
la religion ainsi profanee!
Mais, je le repete, nous ne pouvons nous arreter, un seul ins
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