ons si solennelles, les abolitionnistes
n'etaient-ils pas fondes a penser que tous les Souverains qui avaient
concouru a cette importante declaration, devraient se croire obliges en
conscience, a l'executer et a remplir leurs engagemens.
Helas! nous ne savions que trop, combien il est difficile de faire
entendre la voix de l'humanite et de la verite dans les conseils des Rois.
Nous savions que, dans les transactions des Souverains, les interets de la
justice et de la morale ne sont quelquefois qu'imparfaitement respectes.
Mais nous pensions avoir affaire a des hommes d'un caractere, si non
rigidement juste et humain, dans toute l'etendue de cette acception, du
moins honorable et magnanime.
Et aujourd'hui encore, quand nous reflechissons que les chefs des hautes
Puissances Europeennes ont proclame la Traite un fleau qui a _long-temps
desole l'Afrique, deshonore l'Europe et afflige l'Humanite_; quand nous
nous rappelons qu'apres avoir fait entendre les grandes verites que nous
avons reproduites, ils se sont solennellement engages, par un traite, a la
face du monde, a extirper ce fleau; je le repete, quelles que soient les
difficultes que nous avons rencontrees, quelqu'experience que nous ayons
faite de l'invincible attachement de l'interet a ses injustes benefices,
nous ne desesperons pas encore de notre cause. Bien que quelques-uns des
augustes signataires ne nous aient pas paru aussi favorablement disposes
que nous avions lieu de l'attendre; bien que nous ayons entendu renouveler
contre nous les argumens insenses que nous avaient deja opposes les
negriers,--que l'Europe presentait des crimes et des cruautes egaux au
moins en etendue, a ceux que nous voulions supprimer en Afrique, qu'au
lieu d'aller porter au loin les bienfaits et les armes de notre
philanthropie, un champ assez vaste s'offrait naturellement a nous, sans
sortir de notre pays;--bien qu'on ait ose attaquer la purete de nos
intentions, et nous accuser d'agir dans des vues mercenaires d'interet
national et de jalousie mercantile; nous en avons la ferme esperance,
toutes ces indignes calomnies, tous ces laches sophismes tomberont, et,
mis en opposition avec la masse imposante que presente notre grande et
glorieuse cause, ils ne seront d'aucun poids dans la balance, aux yeux de
nos contemporains memes qui nous voient, et encore moins de la posterite
qui nous jugera.
Pour ce qui est de cette accusation, qu'en pressant les autres pays de
suivre l'exemple de
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