droits et a la
possession d'une constitution libre, ne fermeront pas leurs coeurs aux
nobles emotions qui doit naturellement y avoir excitees l'ere nouvelle qui
s'ouvre pour eux; ils n'oublieront pas les grandes destinees, les sublimes
devoirs auxquels leur nouvel etat les appelle; ils rempliront
scrupuleusement les engagemens contractes par leurs Souverains, au sujet
de la Traite, anterieurement aux nouveaux changemens politiques; ils ne
voudront pas, sans doute, qu'on accuse la liberte d'etre moins humaine et
moins philanthrope que le despotisme. Non, je ne saurais croire que, parce
que, dans la nation espagnole, des colons et des planteurs, qui ont cru
leurs interets leses dans l'abolition de la Traite, pourraient reussir par
leur influence a envoyer quelques membres a la legislature, ces membres
soient disposes a fouler aux pieds la morale et la vertu, au point
d'acheter l'appui de leurs avides commettans par le sacrifice de leurs
votes et l'avilissement de leurs fonctions constitutionnelles. Je croirai
encore moins que de tels hommes, s'il s'en trouvait, puissent obtenir
quelqu'influence sur l'auguste assemblee dont ils font partie; et
j'attendrai, pour ajouter foi a ces deplorables et humiliantes assertions,
que la verite m'en ait ete demontree par l'evidence la plus complete.
"Qu'on me donne un point d'appui," disait Archimede, "et je souleverai le
monde." Ce point d'appui que demandait le philosophe, nous le trouvons
dans la representation d'un peuple libre, et par lui, nous pouvons, d'une
main ferme, soulever; avec le levier de la morale et du christianisme, un
monde d'interets funestes et de coupables prejuges.
Mais Sire!.... de favorables presages viennent justifier cet espoir.
Tandis que je tracais ces lignes, un bruit passager est venu jusqu'a moi.
On m'apprend que les Cortes d'Espagne, fideles a cet esprit de generosite
qui, il y a trois siecles, jeta un eclat si vif et si glorieux dans cette
assemblee, paraissent disposes a accomplir les hautes esperances que
m'avaient fait concevoir la connaissance de la dignite attachee au
caractere espagnol.
Ces esperances, nous les nourrissons, surtout, en ce qui concerne le
Portugal, et ces considerations consolatrices viennent relever notre
courage. Sire! vous vous rappelez avec quelle etrange opiniatrete le
plenipotentiaire Portugais resista aux efforts que tenterent toutes les
autres Puissances pour l'engager a acceder a la confederation generale
contre la Tra
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