e ne fut point trompee. La Traite traduite au
tribunal de l'Europe fut jugee, justement condamnee et denoncee a
l'execration de l'univers. Apres quelques lenteurs et quelques
difficultes, le principe general fut adopte, et on laissa seulement a
chaque Puissance la faculte d'assigner et de fixer les peines conformement
a ses propres lois. Une declaration solennelle proclama la volonte unanime
de cette confederation vraiment sainte, et le meme jour, ce jour fortune
qui ratifia la paix de l'Europe, annonca a l'Afrique qu'elle aussi elle
allait etre, pour jamais, delivree de l'epouvantable guerre dont elle
etait, depuis si long-temps, le theatre, guerre plus horrible encore dans
sa nature et plus calamiteuse dans ses effets que celle dont l'Europe se
voyait affranchie avec tant de joie.
La sentence prononcee a Vienne fut renouvelee et ratifiee a
Aix-la-Chapelle. C'est alors que les chefs des grandes Puissances, voyant
avec douleur les retards qu'apportait le Roi de Portugal a se joindre a
l'oeuvre d'humanite qu'ils avaient entreprise, lui adresserent en commun
une lettre signee de leur propre main, dans laquelle ils le conjuraient
d'imiter leur exemple, et de ne pas se refuser seul a cette mesure
generale. La reponse du Roi de Portugal fut loin d'etre satisfaisante.
Mais alors ce monarque etait dans ses etats du Bresil. Cette circonstance
peut avoir influence sa determination. Peut etre a-t-il cru devoir
conserver sa popularite parmi les Bresiliens, aux depens meme de l'honneur
et de la dignite de sa couronne. Maintenant qu'il a traverse l'Atlantique
et qu'il est dans ses etats d'Europe, cette excuse ne serait plus
admissible. Je me plais a croire que la nation portugaise, jadis si grande
et si glorieuse, cette nation qui vient de se reveiller a la liberte et
qui, dans une constitution libre, vient de rendre un si solennel hommage
aux droits de l'homme, ne fermera pas l'oreille aux cris de l'humanite et
de la justice, et dans le moment ou elle proclame le triomphe des
principes pour elle-meme, ne voudra pas les fouler aux pieds en ce qui
concerne les enfans de l'Afrique.
Votre Majeste n'a pas besoin que je lui rappelle la part qu'elle a prise
dans ces nobles actes, et les engagemens qu'elle a contractes dans cette
memorable occasion. L'histoire dira, dans ses pages fideles, que c'est
Votre Majeste qui fut le principal instrument employe par la divine
Providence dans les grandes mesures dont je viens de parler. Ce jour fut
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