nuellement en Afrique pour l'achat des esclaves, la valeur des navires
employes a les transporter, celle de leurs fournimens, etc... Qu'on
n'oublie pas que le produit du commerce avec l'Afrique etait devenu
Immense. Il ne s'agissait pas moins que _d'un million de livres
Sterlings_ dont on predisait la perte infaillible. La seconde ville
commerciale de la Grande-Bretagne[2] allait voir, disait-on, son commerce
aneanti, si l'abolition etait proclamee. Les colons criaient d'une voix
unanime, leurs facteurs et leurs agens accredites en Angleterre repetaient
apres eux, que c'en etait fait des colonies des Indes Occidentales,
que l'abolition de la Traite allait infailliblement consommer leur
destruction. La plus grande partie des colons des Indes Occidentales
residaient dans la mere patrie, au lieu de vivre sur leurs plantations,
comme les colons francais et espagnols. Plusieurs d'entre eux faisaient
partie du parlement. Ils avaient plusieurs de leurs agens dans la Chambre
des Communes. Tous les proprietaire savaient leurs creanciers
hypothecaires et leurs agens commerciaux residant a Londres, et dans les
autres grands ports de l'Angleterre. C'etaient des hommes extremement
riches et de grande influence, dont les interets etaient etroitement unis
a ceux de ces proprietaires. Tous ces individus etaient animes du zele, de
l'activite et de la perseverance que communique un interet mal entendu.
L'etablissement des colonies anglaises dans les Indes Occidentales, datait
de si loin, les proprietaires de ces colonies, residant dans les diverses
provinces du royaume, etaient devenus si nombreux, qu'insensiblement
ils s'etaient entoures d'une vaste atmosphere d'interets homogenes faisant
cause commune avec les leurs.
[Note 2: Liverpool. C'est de cette ville que se faisaient presque tous
les armemens pour l'Afrique.]
Une foule d'honnetes gens etaient arrives, peu a peu, a partager leurs
erreurs et leurs craintes. Ainsi leurs idees etaient devenues le partage
d'une grande partie de la nation, et un grand nombre de citoyens probes et
desinteresses qui, s'ils eussent connu la nature de la Traite, fussent
devenus nos amis et nos soutiens, etaient alors dans les rangs de nos
ennemis, d'autant plus redoutables qu'ils etaient plus consciencieux. Le
corps colonial etait donc devenu un parti puissant dans l'Etat, et, en
Angleterre, un parti de quelque importance ne tarde pas a avoir des
champions et des defenseurs au sein du parlement. Reconna
|