issons neanmoins,
a l'honneur du caractere britannique, qu'il ne se trouva alors aucun homme
remarquable par son influence ou ses talens, et, a l'exception de ceux
dont les interets etaient specialement compromis dans cette grande
question, aucun individu dans la Grande-Bretagne, qui ne condamnat
franchement la Traite comme indigne d'etre defendue, se bornant a
repousser notre mode d'abolition, comme moins efficace et moins juste que
celui qu'ils proposaient. Par toutes les raisons que nous venons de
detailler, il arriva qu'une confederation puissante se forma contre nous.
Long-temps elle trouva les forces necessaires pour repousser toutes nos
attaques et aneantir nos esperances les mieux fondees. Mais les amis de
l'abolition ne se decouragerent pas. Nous jugeames qu'il entrait dans
notre plan et dans notre devoir, de contre-balancer et de combattre
l'opposition redoutable qui s'etait formee de tous ceux qui regardaient
leurs interets menaces par la solution de cette grande question. Nous
pensames que le meilleur moyen a employer, etait d'enroler sous nos
drapeaux et d'amener sur le champ de bataille, tout ce que la
Grande-Bretagne comptait de citoyens sages, bons et humains. Nous nous
employames, sur-le-champ, a cette grande oeuvre, et nous la poursuivimes
avec une imperturbable perseverance. Confians dans la justice de notre
cause, nous sentimes qu'il nous fallait faire un appel a tous les esprits
humains, eclaires et genereux. Les erreurs et les mensonges de nos
adversaires furent refutees, un a un, et exposes au grand jour. On
pulverisa cette insolente allegation que les Noirs sont d'une nature
inferieure a la notre, calomnie effrontee et atroce, au moyen de laquelle
les bourreaux osaient arguer de l'etat de misere ou ils avaient reduit
leurs victimes, et s'en faire un titre pour continuer, a leur egard, leurs
attentats et leurs cruautes. Cependant cette lache imposture avait ete
generalement repandue. Affirmee par les historiens, adoptee par les
philosophes, les marchands d'esclaves et les colons s'en etaient
habilement empares, et en faisaient l'un de leurs argumens favoris. Telles
avaient ete, selon eux, les fatales consequences de cet etat d'inferiorite
intellectuelle et d'avilissement moral, dans lequel etaient plonges les
malheureux Africains, que le mal etait devenu incurable, et que, bien
qu'ils n'approuvassent pas tous les moyens mis en usage par la Traite,
encore etait-ce rendre un service reel a ces miserab
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