bstacle a mes projets. Il tient
parole. Tout m'a reussi jusqu'au jour ou il est entre dans ma vie. Tout
s'effondre depuis l'instant ou il s'est revele a moi..."
Ce qui se passait en elle etait effroyable.
Fausta sentait, comprenait qu'elle pleurait. Mais ses larmes, au lieu de
deborder des paupieres, au lieu d'etre des gouttes visibles brulant ses
joues, etaient des larmes invisibles et semblaient retomber sur son
coeur comme du plomb fondu.
Ce qui souffrait en elle, ce qui se debattait, c'etait la creature
humaine, la femme. Et, ce qui demeurait ainsi paisible dans ce fauteuil,
c'etait une Fausta pour ainsi dire artificielle, la souveraine de
l'orgueil, celle qui ne s'etait jamais vue pleurer et qui jamais n'avait
eu peur.
"Ce Maurevert, songea-t-elle, m'a parle de leur epouvante, a tous. Et
moi?... Epouvante, qui es-tu?... Epouvante, je t'ignore!..."
Et elle vit que desormais elle n'ignorait plus l'epouvante. Elle comprit
que, si Pardaillan etait libre, elle tremblait.
"C'est ma propre faiblesse qui fait sa force, continua-t-elle. Il y a en
moi un sentiment que je ne devais pas connaitre. Entre Dieu et moi, ce
pacte avait ete fait. Je devais etre la Vierge immaculee non seulement
dans son corps mais dans le plus secret de sa pensee... Je ne suis plus
la Vierge..."
Fausta prononca ces mots presque a haute voix. Et qui les eut entendus
n'eut eu aucune idee de la rage, de la terreur, de la honte qui
bouleversaient cette ame.
Peu a peu, pourtant, elle s'apaisa.
"Mais, pour executer mon projet, gronda-t-elle a un moment, il n'en faut
pas moins que cet homme soit retrouve, qu'il soit de nouveau en mon
pouvoir! Et si cela n'arrive jamais?..."
Comme elle pensait ces choses, un coup fut frappe a la porte de
communication par ou l'on penetrait dans l'auberge.
"Qui peut venir?" songea Fausta.
Le deuxieme coup fut frappe.
"Est-ce Guise?... Est-ce le moine?... Qui est-ce?..."
La porte, une fois les cinq coups frappes dans l'ordre, s'ouvrait
automatiquement. Mais Fausta pouvait l'empecher de s'ouvrir, simplement
en poussant un leger verrou qui faisait obstacle a la marche du
mecanisme. Au quatrieme coup, elle eut soudain l'idee de pousser ce
verrou. Un etrange sentiment la poussait a ne pas recevoir celui qui
frappait... quel qu'il fut. Elle se leva vivement et marcha a la porte.
A ce moment, le cinquieme coup fut frappe et la porte s'ouvrit. Fausta
s'arreta, petrifiee: Pardaillan etait devant elle
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