en
avant; deux ou trois hurlements de douleur eclaterent, et deux hommes
tomberent eventres par la dague de Pardaillan, qui, ne pouvant frapper
ni aux visages masques ni aux poitrines cuirassees, decousait les
entrailles!... L'instant d'apres, il se trouvait hors du cercle
infernal, et, se relevant d'un bond, gagnait un angle de la salle ou il
s'acculait.
Une minute de repit pendant laquelle les voix graves des moines
lointains, le mugissement de l'orgue et le son de la cloche couvraient
tout autre bruit.
Les bourreaux, les gens d'armes de Fausta eurent un instant
d'effarement. Puis, l'un d'eux, le chef sans doute, prononca quelques
mots brefs et rudes, et, aussitot, dans une manoeuvre silencieuse et
rapide, le cercle se brisa; ils se formerent sur trois ou quatre rangs
et marcherent vers le coin ou s'etait accule le condamne.
En cette minute, Pardaillan, le corps entier vibrant, les nerfs tendus a
se rompre, la tete en feu, jeta un regard de fauve pris au piege. Et il
souffla fortement, d'un souffle rauque... en meme temps, il rengaina sa
rapiere et saisit un objet accroche au mur.
Cette salle etait la salle des executions. C'etait la qu'on tuait ceux
que le tribunal secret avait condamnes. C'etait la salle du bourreau...
Et, comme c'etait la salle du bourreau, un peu partout, aux murs,
etaient accroches en bon ordre les instruments du bourreau: ici des
paquets de cordes, la une masse pour assommer, la des coutelas, plus
loin des haches. Cet objet que Pardaillan venait de saisir, c'etait une
masse. Elle se composait d'une enorme boule de fer herissee de pointes
et emmanchee d'un bois rugueux a peine poli.
Ce fut, nous avons dit, une minute de repit pendant laquelle les
meurtriers s'organiserent pour un nouveau systeme d'attaque.
Pardaillan, sa masse a la main, les vit s'avancer sur lui de leur pas
egal.
"Si j'attends, je suis mort", dit Pardailhan.
Dans le meme instant, il saisit la masse a deux mains, et il marcha!...
Souple, nerveux, effrayant a voir en cette supreme seconde, il fit trois
pas. Et, alors, la masse enorme se souleva, tournoya au-dessus de sa
tete, siffla, s'abattit; des coups sourds, de brefs soupirs de betes
assommees, des corps qui tombaient d'une piece, le nez a terre, des
cranes fracasses; puis un tumulte effroyable, un desordre furieux dans
la bande qui oubliait toute discipline, toute consigne de silence; et
des hurlements de maledictions et cela tout couvert par les mugissemen
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