effroyable!
Pardaillan demeurait stupide d'horreur, les cheveux herisses, la bouche
ouverte par un cri qui ne sortait pas, les yeux dilates pour voir...
mais il ne voyait pas, ou du moins il ne distinguait que confusement.
Et, d'abord, la faculte de penser fut enrayee dans son esprit, ou il
n'y eut plus qu'epouvante et tenebres; puis la sensation d'angoisse, la
vertigineuse horreur de cet enlacement par des cadavres qui remuaient
dans l'eau fut si atroce qu'il sentit sa pensee se reveiller.
Cette impression s'evanouit a son tour, et, par un effort furieux,
Pardaillan parvint a ecarter en partie l'epouvante. Il leva la tete,
et, la-haut, l'orifice carre du trou lui apparut dans une vague lueur.
Alors, il songea a fuir l'etreinte macabre, les attouchements des
cadavres en remontant la-haut. Peut-etre trouverait-il un moyen de
sortir du palais.
Il commenca a se hisser et, bientot, il fut hors de l'atteinte des
cadavres. Mais, au-dessous de lui il les entendait s'entrechoquer
doucement et continuer leur ronde dans le mystere de la mort. Cependant,
il respira alors. Une acre sueur glacee coulait sur son visage, mais il
ne pouvait s'essuyer, et il n'y pensait pas, toutes les ressources de
ses forces etant employees a un seul resultat: remonter dans la salle,
fuir! fuir a tout prix!...
Et, comme il etait a peu pres a mi-chemin entre l'orifice, la-haut, et
les cadavres en bas, il entendit des voix; un frisson mortel, alors, se
glissa le long de son echine; il ne pouvait plus remonter dans la salle,
car, dans la salle, maintenant, retentissaient des pas nombreux, des
exclamations, des imprecations...
Donc, s'il descendait, il retombait a l'abominable cauchemar des
cadavres, il s'engouffrait dans la folie. S'il remontait, a peine sa
tete apparaitrait-elle a l'orifice qu'il serait assomme, precipite parmi
les cadavres...
Pardaillan, ses deux bras et ses deux jambes frenetiquement serres
autour de la poutre, s'arreta, haletant, hagard, la tete perdue.
Soudain, la rumeur dans la salle s'apaisa d'un coup, et il entendit une
voix, il reconnut la voix qui disait:
--Que se passe-t-il?... Ou est le condamne?...
Et Pardaillan entendit qu'on repondait:
--Votre Saintete peut voir que le sire de Pardaillan a ete precipite par
nos hommes; mais il nous en coute cher! Quel carnage!...
Pardaillan leva la tete et apercut des ombres qui se penchaient.
Distinctement, il reconnut Fausta. Il la vit pendant pres d'une minute.
Il
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