ous
trouvez-vous?...
Le cardinal et le bourreau eurent un regard effare, vacillant, rempli
de cet immense etonnement qui est le vertige de la pensee. Ils etaient
pales comme des spectres. Leurs joues etaient creuses, leurs yeux
profondement enfonces sous les orbites.
Mais, presque aussitot, et avec une foudroyante soudainete, le sang
afflua a leurs visages. C'etait la liqueur qui agissait. Ils se
dresserent, et leur premier mouvement fut de marcher a la porte; ils
s'arreterent avec une crainte d'enfants.
--Au nom de Violetta! murmura ardemment le chevalier.
--Violetta? balbutia Farnese comme s'il eut eprouve une grande
difficulte a se souvenir et une plus grande encore a parler.
Mais ce nom ainsi jete produisit sur l'esprit de Claude un effet
comparable a celui que le violent revulsif avait produit sur son corps.
Il eut une sorte de grondement. Ses poings enormes se serrerent.
--Vous dites: Violetta! fit-il haletant.
--Oui! dit Pardaillan dans un souffle. Si vous l'aimez, faites ce que je
dis: entrez au Pressoir-de-Fer, rejoignez-y le duc d'Angouleme, et, tous
trois, allez m'attendre a la Deviniere. Silence! On nous ecoute...
En meme temps, Pardaillan prit une main de Farnese, une main de Claude
et les entraina:
--Venez, dit-il, n'avez-vous pas entendu que la glorieuse Fausta vous
fait grace?...
Les deux hommes marcherent. Que leur arrivait-il? Qu'etait-il arrive? Ou
allaient-ils? Qui etait cet homme? Ils ne savaient plus rien. Dans leur
tete, il n'y avait que du vide...
Quelques instants plus tard, ils atteignaient le grand vestibule,
traines par le chevalier, qui lui-meme etait guide par l'homme de
Fausta. Toutes ces salles, ces couloirs qui se succedaient semblaient
deserts. Mais, dans le vestibule, il y avait une vingtaine de gardes.
La porte, la grande porte de fer s'entrouvrit. Dans le meme instant,
Farnese et Claude se trouverent dehors.
Si peu de temps que la porte de fer eut ete entrouverte, le chevalier en
eut peut-etre profite pour faire ce qu'il appelait une trouee a travers
les gardes masses et se precipiter dehors. Il fut retenu par cette
reflexion que, dans l'etat ou se trouvaient les deux condamnes gracies,
il n'y avait pas de defense a esperer de leur part. Ils seraient
poursuivis, rattrapes, et tout ce que venait de tenter Pardaillan serait
inutile.
Il laissa donc la porte se refermer, et, suivant le meme homme qui
l'avait guide, il se retrouva quelques instants plus tard
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